La France est le pays des concours. De la haute fonction publique à l’internat de médecine, du concours Lépine au trophée des beaujolais nouveaux, le concours occupe une place centrale dans la vie de notre pays. Héritier de la Révolution, ce mode de sélection présente le double avantage de servir les idéaux républicains et de sélectionner les meilleurs, combinant ainsi deux « étrangetés françaises » (De Iribane, 2008) : la passion pour l’égalité et le goût des statuts. En 2006, date de la dernière enquête nationale sur la pratique des concours en France, on dénombrait environ 3 000 concours organisés par l’État, réunissant 800 000 candidats pour environ 60 000 lauréats chaque année (Emeryri-Douzan, 2012).
Il arrive – et c’est déjà bon signe – que certains étudiants « préparationnaires » de concours éprouvent le besoin de consulter. Âgés de 18 ans à 30 ans, période dite « post-adolescente » (Fejtö, 2013), ces jeunes adultes affrontent une réalité drastique, implacable et binaire : celle d’avoir ou non un « titre », sésame supposé leur ouvrir la voie de leur destin professionnel. Comment les fantasmes de castration se manifestent-ils lors d’une telle épreuve ? Lorsque les représentations-but associées à la préparation d’un concours – la réussite, le statut, la carrière, etc. – deviennent omniprésentes, quel plaisir reste-t-il pour le cheminement étudiant, ses sublimations et ses ouvertures vers de nouveaux objets ? Que dire enfin du travail analytique et des formes transférentielles avec ces étudiants qui, de leur propre aveu, passent leur temps à « bûcher » et dont la vie est rythmée par les cours, les khôls et l’attente des résultats ?
Dario, un étudiant sans qualité
Voici un patient à l’approche de la trentaine venu me consulter avec le sentiment de tout perdre. En proie à une détresse proche…
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