Penser, classer
Éditorial

Penser, classer

Face à l’apparition de classifications diagnostiques, le psychopathologue peut, à bon droit, se méfier, et se souvenir de cette phrase de Cioran : « Dans l’édifice de la pensée, je n’ai trouvé aucune catégorie sur laquelle reposer mon front. En revanche, quel oreiller que le chaos ! ». Sans suivre Cioran dans son amour du chaos, on peut penser à la nature idéologique de toute classification, au fait qu’elle traduit un rapport de force, et craindre ses utilisations gestionnaires.

Souvenons-nous cependant, avec Perec, qu’il est difficile de penser sans classer, que penser, c’est aussi classer, du moins dans un système en mouvement. La psychanalyse ne s’est d’ailleurs pas privée d’un système de classification des structures mentales. Le zero-to-three est un nouveau système de classification, qui cherche à couvrir, mieux que les précédents, le domaine en constitution de la petite enfance. Il est américain, et issu de la réflexion d’un groupe idéologiquement hétérogène de cliniciens.

Souhaitons qu’il puisse être pour nous un bon instrument clinique et de recherche, et aussi un bon moyen de défense contre l’hégémonie d’autres instruments, issus d’autres groupes américains.