L’évaluation des psychothérapies référées à la psychanalyse est devenue une préoccupation majeure des cliniciens, confrontés à l’impérialisme de méthodologies évaluatives asservies à des logiques financières ou inféodées à des méthodologies non cliniques, qui prétendent rendre compte des résultats de psychothérapies psychanalytiques. Pourtant une méta-analyse très complète publiée en 2008 dans la très sérieuse revue américaine JAMA a montré que, si on prend en compte les comorbidités installées depuis plus d’un an, les psychothérapies psychodynamiques à long terme sont plus efficaces que les thérapies brèves (voir à ce sujet R. Perron, Revue Française de Psychanalyse, 2009/2 Vol. 73 p 534-543).
Sur les terrains de soin institutionnel, les attaques actuelles contre l’approche psychanalytique s’avèrent souvent menées au nom de pratiques évaluatives du soin selon un modèle purement médical, avec des méthodologies d’évaluation des psychothérapies qui ont bénéficié aux thérapies comportementales et cognitives, et disqualifié les psychothérapies psychanalytiques.
Dans ce contexte, il s’impose de sortir de notre « tour d’ivoire analytique » pour combattre sur le terrain même de l’évaluation, en inventant des critères d’évaluation clinique de l’approche psychanalytique, fondés sur notre épistémologie. Il est en particulier urgent de proposer une approche évaluative des formes de la psychothérapie institutionnelle, par exemple des pratiques groupales de médiations thérapeutiques, qui ne soit pas corrélée à des logiques comptables mais à un souci de comprendre les logiques sous-jacentes du processus de soin : élaborer des outils d’évaluation constitue en effet une méthode avec une double visée : améliorer et transmettre nos pratiques, remodeler et affiner nos modèles théoriques.
Les psychanalystes et cliniciens ont déjà commencé à engager cette lutte, par la construction de méthodologies d’évaluation qualitative fondées sur l’épistémologie psychanalytique : cette tâche immense ne devient-elle pas une des conditions de la défense de la valeur de la référence psychanalytique ?