L’éditorial de janvier du Pr Daniel Widlöcher nous invite très justement à sortir des polémiques vaines ou de simple prestance afin de pouvoir témoigner de la complexité d’un débat, celui qu’inaugure Freud précisément dès 1890. Dans Le Traitement psychique, il repère en effet ce qu’il désigne par « l’attente croyante » du patient, moteur de toute guérison, liée au transfert sur un autre. Ce transfert, origine de toute mobilisation et mutation psychique d’un patient, en passe par l’adresse à un autre, un message jusque là inouï de notre histoire et de notre histoire infantile qui, sans cette écoute, nous voue à l’inexorable répétition.
La lettre de Freud à Jung, qui accompagne l’envoi des Théories sexuelles infantiles, s’achève par une phrase certes énigmatique, mais fruit de ses propres associations : « D’ailleurs, naturellement, qui utilise l’hypnose ne trouve pas la sexualité » (11 décembre 1908). En effet, en privilégiant la position du thérapeute sur celle du patient, l’hypnose établit un rapport de force -fort/faible (l’une des théories sexuelles infantiles)-, dans lequel l’histoire du sujet s’efface au profit de la parole du thérapeute.
Au-delà de la fastidieuse opposition entre divan et face à face, c’est peut-être en reparcourant les premières intuitions freudiennes que nous trouverons le chemin d’un débat renouvelé sur psychanalyse et psychothérapie.