Chères lectrices, chers lecteurs,
Comme c’est le cas tous les deux ans depuis maintenant vingt ans, Carnet Psy organise à l’automne son prochain colloque BB-Ados. Mais à la différence des précédentes éditions, il nous a semblé que le thème de cette année méritait une attention toute particulière, tant il paraît si essentiel et si polysémique dans notre travail clinique.
Il s’agit du regard.
Véhicule de tous les affects, le regard touche, soutient, scrute, fouille et, parfois, menace. Un regard en appelle un autre pour des conversations sans parole. Au fil des mots, le regard se détourne et se perd, condition pour que l’associativité se déploie.
Dès les premiers instants du commerce avec l’autre, le regard constitue un puissant outil du lien entre les êtres, à l’image du premier regard, celui de la mère comme miroir dans lequel se construit le nouveau-né. L’enfant, ensuite, dévore le monde du regard avant de le parler, puis échappe au regard dans ses premiers mensonges, tandis que l’adolescent formule tant de demandes paradoxales aux regards qui l’entourent. En lui, se disputent la tentation des projections et la menace de la persécution quand ce n’est pas celle d’être perdu de vue.
Il y a tout lieu de faire parler les regards à l’aide de celui des psychanalystes, car lorsque Freud soustrait le regard au dispositif de la cure, c’est pour mieux regarder la réalité psychique. En séance, que regarde alors celui qui écoute ? Tout comme celui qui parle ou celui qui joue ? La réalité psychique n’a-t-elle pas sa manière bien à elle de regarder le monde et de le fabriquer ? Y aurait-il une…
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