Le psychodrame, né de l’intuition de Jacob Levy Moreno au début du 20e siècle à Vienne, a beaucoup évolué depuis sa création. Si Moreno fondait sa recherche sur l’efficacité de la spontanéité du jeu, il y a eu depuis un important travail pour le rendre psychanalytique, c’est-à-dire fonder son efficacité sur l’établissement du transfert et son interprétation. Ce fut l’œuvre en particulier de Serge Lebovici, René Diatkine, Evelyne et Jean Kestemberg et, après eux, de nombreux autres parmi lesquels je citerai Nadine Amar, Gérard Bayle et Isaac Salem1 qui ont proposé le psychodrame « individuel en groupe » au sein de l’association ETAP2.
Mais la pertinence de ce dispositif dont le medium est le jeu, et plus précisément une forme de jeu de rôles et non plus seulement la parole, a inspiré d’autres usages du psychodrame : outil de formation des personnels soignants afin de les sensibiliser à l’inconscient, psychodrame exploratoire pour des cas où l’indication d’une forme de traitement peine à se dégager, psychodrame à durée d’emblée limitée à deux ans, permettant à des patients d’envisager une fin qui ne seraient pas un rejet, alors qu’ils sont souvent aux prises avec un traitement infini, psychothérapie familiale dans laquelle est inclus l’usage de scènes de psychodrame.
On doit à l’inventivité de Marc Hayat et de collègues belges des possibilités d’usage du psychodrame sur de courtes périodes pour relancer un processus analytique en panne : psychodrame de relance, psychodrame de dégagement. On ne peut que renvoyer à la lecture de leur livre si vivant et instructif paru en 2008 avec une préface de Gérard Bayle3.
Ces auteurs ont aussi expérimenté une supervision par le psychodrame, laquelle peut s’adresser bien sûr à des équipes de…