Nous n’en avons pas fini avec cette crise sanitaire, loin s’en faut. Depuis la fin du confinement, seul temps circonscrit de cette crise, nous demeurons dans l’attente et l’incertitude, suspendus à son évolution et aux directives qui en découlent, dans une perspective de durée indéterminée.
Nous n’avons donc pas suffisamment de recul pour la commenter. En revanche, nous pouvons commencer à penser, dans un court après-coup, sa phase aiguë. Ce que nous avons vécu dans notre service et ce que nous y avons fait et observé.
Les observations et réflexions présentées dans ce travail ne concernent que ce premier temps de la crise et ne relèvent que de notre cadre de travail. Nous imaginons bien différent le vécu de ceux qui exercent dans les services accueillant des patients Covid ou d’autres types de structures hospitalières et médico-sociales, ou encore de ceux qui ont été confinés chez eux.
Nous intervenons dans le centre de réhabilitation post-traumatique (crpt) de l’Institution nationale des Invalides. Établissement fondé par Louis XIV pour accueillir, soigner et héberger des invalides de guerre, sa mission première a peu changé. Ce crpt accueille toujours des blessés civils ou militaires, victimes d’attentats notamment. Blessures physiques et/ou psychiques nécessitant des soins spécifiques de rééducation, réadaptation…
Afin de se remettre dans le contexte, rappelons que dans la soirée du 16 mars, nous apprenions par les médias ou des messages effarés de nos proches un confinement total dès le lendemain. Le 23 mars était promulguée la loi d’état d’urgence sanitaire, puis le 25 était lancée l’opération « résilience ». Nous avons tous compris que nous vivions un temps à fort potentiel traumatique. En tant que psychologues, nous étions dès ce moment…