Du « défaut de contrôle moral » au TDAH.
Selon les historiens (Lange, Reichl, Lange, Tucha, Tucha, 2010), il est possible de trouver dès la fin du xviiie siècle des descriptions d’enfants présentant un comportement similaire à ce que le DSM-III-R a dénommé avec le succès que l’on connaît « Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder (ADHD, TDAH en français) ». Ce serait cependant en 1902, lors de trois conférences données au Royal College of Physicians of London, que le pédiatre britannique Sir George Frederic Still aurait pour la première fois décrit de façon rigoureuse ce phénotype. Le texte de ces trois conférences a été republié en 2006 par la revue Journal of Attention Disorders ; il mérite assurément d’être lu tant la finesse des descriptions cliniques qui y sont faites est impressionnante.
Dans son introduction, Still (2006, p. 126) expose ses objectifs : « Je me propose d’examiner d’une manière générale l’apparition d’un contrôle moral défectueux en tant qu’état morbide chez les enfants. […] La diminution ou le défaut de contrôle moral chez les enfants est-il parfois la manifestation d’un état mental morbide, en dehors de tout trouble général de l’intellect […] ? Et si oui, dans quelles conditions cela se produit-il ? […] Il n’est peut-être pas nécessaire de définir ce que l’on entend par « contrôle moral ». Pour le psychologue, il s’agit du contrôle de l’action en conformité avec l’idée du bien de tous.
En résumé, Still s’intéresse aux enfants présentant « un défaut de contrôle moral », c’est-à-dire qui ont un comportement problématique en ce qui concerne les « activités qui se préoccupent du bien d’autrui, mais aussi du bien de soi » (ibid., p. 126). Selon Still, trois catégories d’enfants sont susceptibles de présenter ce type de problème :
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