Traversée de la douleur
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Traversée de la douleur

Rubrique coordonnée par Marie Dessons et Dominique Mazéas

A real Pain - Jesse Eisenberg, 2024

Jérémy Tancray

David et Benji sont deux cousins new-yorkais d’origine juive polonaise. S’ils ont été extrêmement proches durant leur enfance et leur adolescence – quasiment des frères – leur vie d’hommes a emprunté des voies qui les ont progressivement éloignés l’un de l’autre. Quelque chose semble s’être figé là, jamais tout à fait pensé ni compris, donc jamais dit… Après le décès de leur grand-mère survivante de la Shoah, ils décident d’honorer sa mémoire en se rendant en Pologne pour un voyage commémoratif. Ils font le choix de rejoindre un « voyage organisé » groupal à travers les lieux de mémoire des victimes polonaises de l’Holocauste, la dernière étape étant réservée à eux seuls : voir de leurs propres yeux la maison de leur grand-mère.

Le titre du film A real Pain joue sur l’équivoque puisque qu’il pourrait désigner à la fois le « calvaire » émotionnel traversé par chacun des protagonistes au contact de ces lieux de cruauté insoutenable (la scène dans le camp de Majdanek est particulièrement bouleversante par son silence étouffant), mais également le calvaire que fait vivre Benji à son cousin, et au reste du groupe, par l’instabilité de son humeur – tantôt charmante, profonde et rieuse, tantôt sombre, dépressive et agressive – évoquant manifestement une symptomatologie bipolaire. Mais la véritable profondeur du film Apparaît dans la traversée simultanée de temporalités hétérogènes et enchevêtrées, comme dans la scène du train pour Lublin : Benji s’insurge contre le confort qui leur est réservé alors que les…

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