Une promesse audacieuse
Éditorial

Une promesse audacieuse

À la phrase d’Héraclite selon laquelle « le  monde est un enfant qui joue » répond, chez Nietzche, la célèbre parabole des trois métamorphoses. Voici ce que le philosophe allemand écrit dans Ainsi parlait Zarathoustra : « je vais vous dire les trois métamorphoses de l’esprit : comment l’esprit devient Chameau, comment le Chameau devient Lion, et comment enfin le Lion devient Enfant ». Après le Chameau et le Lion, Nietzsche fait de l’Enfant le dernier terme de la transformation, le point final de l’odyssée de l’esprit.

À chaque lecture, ce passage me fait penser à la place que l’on occupe, nous autres cliniciens, dans chacun des trois principaux dispositifs cliniques.

Commençons par le Cha-meau. Animal vigoureux mais soumis, il incarne l’âge de raison, l’air grave. Son fardeau le rend heureux. Sa souffrance flatte son orgueil. Nous sommes Chameau chaque fois que l’on se dit à propos d’un patient : « il faut que ça aille mieux ». Chaque fois que l’on fronce les sourcils devant un collègue : « mon patient est difficile ». Chaque fois que l’on cherche à « bien faire » et que, en toute ignorance feinte, on sait qu’on en fait « trop ».

Deuxième temps de la métamorphose : l’esprit se fait Lion. Solidaire, combatif, féroce mais libre, le Lion représente à mes yeux — je rappelle que tout ceci est une rêverie personnelle — la figure du psychanalyste. À l’inverse du Chameau, il refuse de se soumettre aux places qu’on lui donne. Obéir au patient ? Non. Pour une phrase mémorable, il est prêt à endurer l’attente en oubliant, parfois, que la proie est partie. Les escarres ne lui font pas peur et sa peau est épaisse. Le lion ne bondit qu’une fois.

Venons-en maintenant…

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