Vous avez dit violents ?
Éditorial

Vous avez dit violents ?

Pas un jour sans que la violence des jeunes ne soit pointée comme un phénomène nouveau risquant d’ébranler les fondements de notre société. Pas un propos électoral où ne soit évoquée l’insécurité imputée aux adolescents. Constatons combien fascination et peur sont mêlées au sujet de la violence des jeunes.

Ils sont irrespectueux ? Les adultes jamais ! Ils cassent, violent et agressent : les adultes non. Arrêtons d’en faire les boucs émissaires d’une violence partagée et de dénier ainsi les pulsions agressives inhérentes à la condition humaine. Qu’elles soient majorées par l’émergence de la crise pubertaire, personne ne le contestera. Qu’elles ne trouvent plus de voies de canalisation dans notre société en dehors des violences médiatisées à forte plus-value identitaire – même négative – est de notre responsabilité.

La violence révèle une fragilité et un dépassement du jeu admis dans les rapports humains. Elle empêche la conflictualité normale. Il faut pouvoir se représenter les adolescents comme vulnérables, se sentant menacés et cherchant à se défendre, y compris en attaquant. Notre intolérance à l’égard des manifestations et des remaniements de la puberté témoigne de l’insécurité d’adultes en désarroi et en perte de repères.

Au-delà des stigmatisations de la jeunesse, il faut donc chercher de nouveaux outils pour mieux vivre ensemble. C’est le rôle des adultes et des parents de contenir, réguler et pacifier cette violence, qui est aussi énergie nécessaire à la vie.