100 ans après les « Trois essais », que reste-t-il des trois scandales ?
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100 ans après les « Trois essais », que reste-t-il des trois scandales ?

« Celui qui permettra à l’humanité de la délivrer de l’embarrassante sujétion sexuelle, quelque sottise qu’il choisisse de dire, sera considéré comme un héros. »
S. Freud, Lettre à Ernest Jones du 17 mai 1914.

 

Freud a été « celui par qui le scandale arrive ».

Dans ses Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), il a soulevé deux scandales : celui de la sexualité infantile et celui de la sexualité à prédisposition perverse de l’humain adulte.

Freud était un homme de 49 ans, respectable. On l’a jugé malfaisant et obscène, on a cessé de le saluer dans la rue.

Il a laissé sous le voile de l’énigme un troisième scandale, un « continent noir » à explorer, celui de la sexualité féminine – ou, plutôt, celui la sexualité des femmes.

L’argument de ce colloque s’interroge : les changements socioculturels ont-ils pour autant bouleversé l’enjeu du sexuel infantile, tel qu’il est apparu à Freud ? Sommes-nous en mesure d’articuler les changements induits du dehors et ceux venus du dedans ? Que faire de cette articulation, lorsqu’elle se heurte à la différence radicale entre sexualité adulte et sexualité infantile, celle-ci constituant notre seul repère spécifique ? Pouvons-nous appréhender les « nouvelles figures » de la sexualité adulte ou adolescente autrement qu’à partir de l’écoute transférentielle ?

Je tenterai une réflexion sur ces interrogations à travers l’évolution de certaines positions intrapsychiques et socioculturelles en relation avec les trois scandales soulevés par Freud à partir des Trois essais.

LE SCANDALE DE LA SEXUALITÉ INFANTILE

De fait, ce scandale était celui de la sexualité de l’enfant, celui de la levée de son innocence, celui de sa qualification de « pervers polymorphe ».

Freud, dans sa lettre à Fliess du 21 septembre 1897 (S. Freud, 1887-1902), où il révélait son « grand secret », celui de ne plus croire à sa neurotica, a mis en doute l’hypothèse de la séduction sexuelle de l’enfant, la perversion des pères et la réalité des souvenirs, pour aller à la découverte de la vie fantasmatique et de la sexualité infantile. Néanmoins, ce premier doute se redoublait d’un second, car, dans la même lettre, Freud affirmait « le constat certain qu’il n’y a pas de signe de réalité dans l’inconscient, de sorte que l’on ne peut pas différencier la vérité et la fiction investie d’affect ».

Freud n’a, de fait, jamais renoncé à la notion de traumatisme réel, mais il n’a plus su la faire tenir dans un champ théorique qui lui soit propre. On peut inférer que les théorisations de S. Ferenczi à cet égard ont favorisé sa méfiance et sa mise à distance.

Après avoir renoncé à accuser certains pères, Freud en viendra à une constatation élargie à toutes les mères : c’est la mère des soins qui est la première séductrice.

Le lien du sexuel infantile et de la séduction maternelle

Freud évoque, dans sa lettre, l’éveil des zones érogènes par les soins maternels, « sur le sol de la réalité ». Certes, on peut y imputer la première extraction de la pulsion sexuelle à partir et à l’encontre de l’étayage sur les besoins d’autoconservation. Le sein nourricier fait place à un sein érotique, se procurant et procurant à l’enfant une satisfaction qui, selon Freud, est le prototype de la satisfaction orgastique amoureuse.

Le lien premier à la mère, mère des soins et mère de la séduction, permet à l’enfant de vivre deux expériences fondamentales : une jouissance dans la passivité et une dépendance à l’autre dans la recherche et la découverte du plaisir. Une mère, par le regard, la voix, les gestes et les mots, ouvre l’érotisation du corps de l’enfant, et se laisse séduire par l’enfant avec lequel elle prend plaisir.

Mais il importe que la mère excitante ait pu fournir à l’enfant des contre-investissements à son excès d’excitation en étant également pare-excitante. Elle exerce la « censure de l’amante » (D. Braunschweig, M. Fain, 1975), qui consiste à fournir à l’enfant excité par son absence, en l’endormant pour redevenir amante, un message médiatisé désignant un tiers séducteur, un autre de son désir. Elle lui fournit alors les moyens d’organiser son excitation vers cet autre objet, prélude à la triangulation ultérieure.

La façon dont l’enfant aura vécu cette expérience de séduction avec la mère – et son dégagement, avec l’appui de la figure paternelle – sera déterminante pour l’avenir de sa vie érotique.

Jean Laplanche prend en compte, dans ce qu’il nomme la « séduction originaire généralisée » (1987), l’inconscient de la mère, au sens où elle propose à l’enfant des signifiants énigmatiques, verbaux et non verbaux, imprégnés de significations sexuelles inconscientes. L’énigme pour l’enfant, selon lui, pourrait se formuler ainsi : « Que me veut ce sein qui s’excite en m’allaitant ? »

Mais l’enfant au sein séduit également la mère. Comme l’a énoncé Laurence Kahn, le message énigmatique venu de l’enfant pourrait se formuler ainsi pour la mère : « Que me veut cet enfant sans limite et sans vergogne, cannibale, homosexuel et incestueux ? » Juste retournement sur la mère de ce qui fut à l’origine, à son insu, une émergence de sa propre activité inconsciente auprès de l’enfant.

Issu des travaux de Freud avec les hystériques, le concept de séduction est fondamentalement lié à celui de traumatisme, mais, à partir de l’abandon par Freud de sa neurotica, de la scène réelle de séduction traumatique, l’effet de séduction a été généralisable à toute forme de surcroît d’excitation, qu’il soit lié à un fantasme, produisant une excitation interne, ou qu’il soit provoqué par une excitation externe qui réactive le scénario inconscient. Ce surcroît d’excitation peut menacer la continuité de l’enveloppe narcissique.

Outre les zones érogènes, la séduction maternelle excite également chez l’enfant ses capacités de réaction à des effets de surprise. Par exemple, les jeux de « coucou-le-voilà », et ceux d’une mère qui prodigue à son bébé des chatouilles, des caresses, qui les répète, et qui soudain les produit là où le bébé ne les attend pas. Si la mère le rassure alors en le serrant contre elle et en riant avec lui, l’enfant s’habitue à être surpris sans traumatisme.

Cette séduction apprivoise l’enfant à l’irruption brutale du nouveau, de l’étranger, de l’inattendu, du déstabilisant, là où réside la possibilité du traumatique. Ce qui importe, c’est de contenir l’accroissement de l’excitation dans un espace de jeu, ce qui va permettre à l’enfant de faire le trajet de l’excitation à la pulsion, jusqu’à créer son propre jeu, celui de la bobine. La mère est à la fois excitante et pare-excitante.

La séduction précoce maternelle est donc un apprentissage de la pulsion et de l’objet. Elle est une expérience initiatique. La séduction effractrice, venue du père, en sera l’après-coup. La séduction précoce s’inscrit dans un mouvement organisateur de la psyché et de la sexualité infantile, tandis que la séduction tardive révélerait la réussite ou l’échec de cette organisation.

On peut dire, à partir de là, que la séduction est sous-jacente à toute relation, mais d’autant plus qu’il y a dépendance. Dans la séduction mutuelle entre l’enfant et sa mère, il y a échange des regards où se lit la promesse d’être ce qui comble le désir de l’autre. L’impossibilité de ce vœu fait que la promesse inhérente à toute séduction ne saurait être tenue : elle conduit fatalement à la déception, à la désillusion. Si l’émergence de la sexualité inflige à tout être humain une blessure narcissique, l’espoir infini de réparation que suscite la séduction est voué à une inévitable déception.

NOUVEAUX DÉNIS ET RÉSISTANCES

De nos jours, avec la diffusion et la vulgarisation de la pensée psychanalytique, la sexualité de l’enfant est considérée comme admise et n’est plus un objet de scandale.

Mais de quelle sexualité infantile s’agit-il ?

C’est sur les deux terrains désignés par Freud, celui du « sol de la réalité » et celui du fantasme, que se sont bâtis de nouveaux modes de déni ou de résistance à la sexualité infantile.

Dans le champ de la psychanalyse

Le déni du sexuel infantile par la mise en avant de l’archaïque, de la relation d’objet et la répudiation de la pulsion

On a tendance actuellement à privilégier la relation mère-enfant, le désir de retour au sein maternel, les théories de la première enfance : celles de l’attachement, de l’amour primaire. On insiste sur le sein nourricier, frustrant ou persécuteur, mais on évite surtout le sein érotique. Les théorisations portent sur le self, le narcissisme, le traumatisme de la séparation, la réalité de l’environnement. On tend à répudier les théories pulsionnelles au profit des théories de la relation d’objet ou de l’intersubjectivité.

Si le sexuel n’est plus considéré qu’en tant que défense contre des angoisses archaïques, la sexualité, la pulsion sexuelle, et donc la sexualité infantile ont perdu leur fonction centrale et essentielle en tant que bases d’édification du psychisme humain.

Je n’insisterai pas sur l’influence des théories kleiniennes, postkleiniennes, comportementalistes ou « subjectivistes » dans ce changement de perspective.

« L’importance de la vie sexuelle dans toutes les réalisations humaines et la tentative qui y est faite d’élargir le concept de sexualité ont, de tout temps, fourni les plus puissants motifs de la résistance », écrit Freud dans sa préface à la quatrième édition des Trois essais, en 1920.

Dans le champ social

Les moyens médiatiques du monde moderne, prenant prétexte d’une prétendue science psychanalytique, ont amplifié de nouveaux modes de résistance au sexuel et à la sexualité infantile.

L’amplification de la séduction et de la sexualité infantile

L’évolution des mœurs au cours des années 1970, au nom de la reconnaissance de la sexualité infantile, a conduit à revendiquer pour les enfants le « droit au consentement sexuel », celui de vivre leur sexualité avec qui ils le voulaient et comme bon leur semblait, donc avec des adultes. Le scandale était ainsi aboli.

Par ailleurs, le prétexte que les enfants se livraient au voyeurisme et à l’exhibitionnisme, agents de la curiosité sexuelle infantile, a autorisé certains adultes à les y pousser, en exhibant leur nudité devant les enfants, en se livrant avec eux à des jeux sexuels et à des propos grivois et scatologiques, en les autorisant à visionner des films érotiques ou pornographiques, en ne leur dissimulant pas leurs ébats sexuels d’adultes. Le tout sans implication consciente de perversion.

Freud déclarait, dans les Trois essais : « Il va sans dire qu’il n’est pas besoin de la séduction pour éveiller la vie sexuelle de l’enfant, et que cet éveil peut aussi se produire spontanément sous l’effet de causes internes. »

Néanmoins, dans ce même texte, rédigé après l’abandon de sa théorie de la séduction précoce, il évoque la rencontre avec un séducteur, dont on peut constater qu’il n’est pas nécessairement un abuseur sexuel.

« Sous l’influence de la séduction, écrit-il, l’enfant peut devenir pervers polymorphe et être entraîné à tous les débordements… Les digues psychiques qui entravent les excès sexuels : pudeur, dégoût et morale, ne sont pas encore établies. »

Or il s’avère que c’est nier la précocité de l’instauration des premières digues psychiques de la sexualité infantile, et méconnaître la pudeur qui est à l’œuvre au cœur des premières expériences d’angoisse, de satisfaction et de séduction qui structurent l’appareil psychique en formation. Le petit Hans, par exemple, refusait d’être vu en train d’uriner, alors qu’il était plein de curiosité sur le comment, et avec quel organe, sa mère urinait.

Le développement de la sexualité infantile, on le sait, dépend des identifications parentales et de la façon dont les parents ont intégré la sexualité dans leur vie érotique et fantasmatique.

Le déni du sexuel infantile, au nom des soins et de l’amour parental, impliquant le déni de la séduction parentale

Freud, dans les Trois essais, le décrit sans ambages :

« La mère fait don à l’enfant de sentiments issus de sa propre vie sexuelle, le caresse, l’embrasse et le berce, et le prend tout à fait clairement comme substitut d’un objet sexuel à part entière. Un excès de tendresse parentale sera assurément nuisible en hâtant la maturation sexuelle, et aussi parce qu’il gâtera l’enfant, le rendra incapable dans sa vie future de se passer provisoirement d’amour. »

 

Affirmer que l’amour d’une mère pour son enfant peut, en certaines circonstances, lui être nuisible, reste aujourd’hui encore une affirmation subversive.

L’excès d’amour peut déborder sur la passion et la captation, et peut aboutir à dénier toute valeur structurante à la séduction infantile, à la sexualité infantile et à l’auto-érotisme.

« Moi ça ne me gêne pas de me montrer nu à mes enfants », disent tels parents. « Tu n’as rien à me cacher, c’est moi qui t’ai fait, je te connais par cœur », dit telle mère.

Nombreux sont les parents et éducateurs qui mésestiment les manifestations infantiles de pudeur, liées à la sexualité infantile, n’y voyant que caprice, agacerie, mensonge ou inhibition pathologique. L’idée qu’un enfant puisse avoir des secrets, que les divulguer lui fasse offense, qu’il ne soit pas tenu de tout dire à son père et à sa mère est une idée qui étonne encore.

On constate une absence de culpabilité des parents à ouvrir les courriers des enfants, fouiller les tiroirs, lire les journaux intimes, inspecter les vêtements, épier les conversations téléphoniques, et empêcher la fermeture des toilettes.

L’enfant a du mal à construire ses frontières si son espace d’intimité n’est pas respecté, car la jouissance comme la souffrance, lorsque les limites et les seuils sont franchis, ont en commun d’ouvrir à la confusion et non au processus de séparation et d’individuation requis. Son corps n’est pas son corps.

Ce qui échappe au scandale, et qui peut se révéler bien plus pernicieux, c’est ce qui a été désigné en termes d’ « incestualité » (P.-C. Racamier, 1987), situation familiale dans laquelle tous les repères sont abolis, où règne l’indifférenciation entre sexes et générations, où le psychisme de l’enfant est disqualifié.

La persistance du déni de la sexualité infantile protège alors l’exercice tranquille d’un érotisme familial qui ne veut pas savoir tout ce qu’un enfant peut et doit attendre d’un adulte. La soumission au caprice ou au sadisme de l’adulte peut fragiliser gravement, voire empêcher totalement le développement libidinal d’un enfant, et la construction des digues psychiques qui conduisent au refoulement et à la construction d’instances psychiques bien différenciées.

Les débats actuels sur l’adoption monoparentale ou par des couples homosexuels mettent également l’accent sur le don d’amour, sans accorder autant de valeur aux autres ingrédients nécessaires à la croissance psychique de l’enfant que sont l’élaboration de la différence des sexes et des générations, ainsi que les identifications croisées du complexe d’Œdipe. Depuis Bettelheim, on sait pourtant que « l’amour ne suffit pas ».

Le déni du sexuel infantile, à travers les campagnes de prévention
et la traque des abus sexuels

Il s’agit d’un zèle destiné à protéger un enfant victime et innocent. Ce zèle a pu s’avérer efficace et salvateur dans nombre de situations. Mais il peut également travestir un désir tyrannique de maîtrise, sans cesse voué à l’échec. Et il s’y adjoint un symptôme : la constitution d’un objet phobique du corps social – à savoir, le pédophile, le séducteur.

La traque de l’abus se soutient de haine, de méfiance, et de fascination voyeuriste. Elle laisse croire que l’innocence régnerait à nouveau sur le continent de l’enfance si l’on parvenait à maîtriser, dompter ce corps étranger malfaisant.

Ce corps étranger, c’est, bien entendu, la pulsion sexuelle, et la composante de haine qui s’exerce contre elle et contre la sexualité infantile, comme c’est aussi le cas contre la sexualité de la femme.

Le déni de la sexualité infantile a pu aller, chez certains adultes, jusqu’à suspecter des jeux sexuels entre enfants comme étant le signe d’un abus sexuel, et susciter chez eux une excitation contagieuse. On a pu voir le cas d’une petite fille qui, parlant de « son papa se couchant sur elle et lui faisant des bisous », a semé la panique dans une institution et posé la question d’un signalement, avant qu’on ne réalise que celui qu’elle appelait son « papa » n’était autre que son matou.

Cette agitation va de pair avec une méconnaissance de la dynamique intrapsychique. L’angoisse n’est plus interprétée comme émanant de la scène interne, comme signal d’alarme d’un danger pulsionnel, mais comme une peur devant un danger externe bien réel, toujours le même : l’abuseur.

On a abusivement, oserai-je dire, exploité les données originales de Ferenczi sur la « confusion de langue » (1932), en oubliant que l’objet en personne avec son inconscient et sa sexualité refoulée est présent dans la réalité psychique du sujet et dans son corps érogène. On a oublié que le fantasme de séduction par l’adulte est un fantasme originaire, « origine du fantasme » (J. Laplanche et J.-B. Pontalis, 1985). On a confondu les effets d’une « séduction généralisée », au sens de Jean Laplanche, avec une séduction perverse.

Lors des campagnes de prévention des abus sexuels, les enseignants ont été enjoints de sensibiliser les enfants aux abus sexuels dont ils pouvaient être l’objet de la part d’adultes, qui pouvaient être leurs parents ou leurs proches. C’est faire acte de séduction traumatique que de réveiller chez l’enfant des représentations incestueuses pour les combattre, car ces représentations, si elles ont été refoulées lors du déclin du complexe d’Œdipe, ne peuvent resurgir qu’à travers l’angoisse, signal d’un retour du refoulé, ou de l’évocation d’une possible réalisation.

Cette vague d’information qui assiège la psyché des enfants de représentations suggestives en méconnaît le dommage inconscient : suggérer le désir sexuel d’un parent pour l’enfant, ou détailler les modalités d’une sexualité adulte perverse rendent difficile le refoulement du désir infantile. Le tabou de l’inceste n’est effectif que lorsque l’instauration du Surmoi a fait perdre jusqu’au souvenir des désirs frappés d’interdit.

Il importe de tenir compte de l’asymétrie des positions, et de respecter les mouvements de désexualisation et d’admiration qui président aux besoins identificatoires de l’enfant vis-à-vis d’un adulte.

À force de prévention, l’enfant risque même de se retrouver en place de « prévenu ». À lui faire porter le droit de dire non, on pourrait en venir à suggérer qu’il pourrait être responsable de ce qui lui arrive s’il dit oui, s’il ne dit rien ou s’il dit un petit peu oui.

Il importe, lors de l’écoute d’un enfant, de respecter le secret et la confidence, de telle sorte que sa pudeur et son intimité soient ménagées. Il importe de pouvoir et savoir lui dire, face à son désir de ne pas tout dire et tout dévoiler à tous, que l’on ne connaît pas tout de lui et que l’on ne le connaîtra jamais.

Le déni du sexuel infantile, au moyen de l’information sexuelle imposée

Il tend à se répandre dans le monde moderne une vision aseptisée de l’éducation sentimentale et sexuelle des enfants et des adolescents. Le clivage joue à plein face à des représentations pornographiques d’une rare violence et crudité, exposées à tous les regards.

Dans un monde où l’obscénité et l’hypersexualisation des comportements règnent en maître, la période de latence, dont Freud rappelait qu’elle était un phénomène « intimement lié à l’histoire de l’hominisation » (Freud, 1939), est tombée en disgrâce.

On critique l’ignorance et le secret opposé aux enfants en matière de sexualité. La pudeur, l’embarras et la réserve sont considérés comme deux attitudes invalidant tout discours sur la sexualité. On disqualifie les parents incapables de parler sexualité de façon détachée et objective.

L’information sexuelle imposée est convaincue d’avoir apporté une réponse aux questions des enfants.

C’est ignorer que le corps immature d’un enfant est inaccessible à la logique des corps d’adulte. L’enfant ne renonce pas si aisément à des théories sexuelles infantiles « formées en harmonie et en dépendance » avec son organisation libidinale infantile. L’ignorance d’hier et la surinformation d’aujourd’hui peuvent aboutir aux mêmes effets.

La psychanalyse met en garde contre la surestimation de l’effet préventif de la croyance dans les bienfaits d’un « tout dire sur le sexe » qui confond savoir et connaissances. Présenter la sexualité humaine comme relevant strictement de la physiologie, de la raison et des bons sentiments peut présenter le même caractère de falsification que les histoires de choux et cigognes.

En dépit de la diffusion généralisée des « documents » pornographiques, les enfants d’aujourd’hui ne sont pas mieux avertis qu’autrefois en matière sexuelle. (Récemment, la radio informait qu’en classe de CM2 la moitié des garçons et un quart des filles avaient déjà regardé un film pornographique.)

On ne dit jamais tout sur le sexe, tout simplement parce que la langue échoue à dire la vérité du sexe qui demeure une énigme pour l’homme.

Le sexuel est énigmatique, inélaborable et toujours précocement rencontré.

Citons le poète René Char : « Si l’homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d’être regardé » (1966).

LE SCANDALE DE LA DISPOSITION PERVERSE DE LA SEXUALITE ADULTE

Les aberrations sexuelles faisaient, à l’époque de Freud, l’objet d’inventaires et de descriptions détaillés dans des ouvrages qu’il cite dans les Trois essais, parmi lesquels les plus connus sont ceux de Krafft-Ebing, Havelock Ellis et Moll. Elles figuraient précédemment, également détaillées, dans un ouvrage tel que le Manuel secret des confesseurs de Mgr Bouvier (1827). Mais elles faisaient partie de ces anomalies monstrueuses de comportement, classées dans la catégorie des dégénérescences, en lesquelles aucun individu de la société civilisée ne pouvait ou n’osait, hypocritement, se reconnaître.

Ce qui a fait scandale, sous la plume de Freud, c’était de prétendre que la prédisposition originelle et universelle de la pulsion sexuelle humaine était la tendance aux perversions, et que « les manifestations infantiles de la sexualité ne déterminaient pas seulement les déviations de la vie sexuelle normale, mais aussi sa forme normale ». C’était dire que l’enfant pervers polymorphe non seulement sommeille en tout adulte, mais encore qu’il reste maître en la demeure de la sexualité adulte. Il y avait de quoi faire scandale dans les milieux bourgeois et bien-pensants de l’époque.

De nos jours, les déviations sexuelles ne sont plus objet de scandale.

Les actes de violence sexuelle meurtrière, et les « assassinats d’âme » que sont un viol, une torture, une « tournante », un acte incestueux, sont mis sur le compte d’actes délictueux qui n’entrent pas dans la catégorie.

Les pratiques perverses sexuelles proprement dites ont gagné du terrain dans les jeux de société entre adultes, et via le réseau Internet. Elles tiennent grand place dans la littérature contemporaine, et ne font plus scandale.

La pédophilie a ses sites Internet, ses agences de voyage et ses lieux touristiques.

L’homosexualité, longtemps considérée comme une déviation (ce qui n’était pas le cas de Freud), est valorisée aujourd’hui, revendique son statut social, sa reconnaissance institutionnelle et juridique, son droit à l’égalité avec l’hétérosexualité. On dénonce ce qu’aujourd’hui on nomme l’ « homophobie ». On parle des homosexualités. Certains chercheurs, eux-mêmes homosexuels, ont défendu et défendent encore une origine génétique de cette orientation sexuelle, balayant tout un ordre de facteurs mettant en question une origine liée à l’histoire de la subjectivité et du développement libidinal. Des psychanalystes homosexuels se sont même estimés seuls aptes à analyser des patients homosexuels.

La pudeur

Notre époque assiste à la profusion de corps dénudés d’hommes et de femmes, devenus l’objet d’un culte d’images et où le nudisme des parties sexuelles est exhibé. L’idée sous-jacente est que la banalisation, la vulgarisation de la vue du sexe a aboli l’expression névrotique d’un symptôme de nature phobique consistant à protéger les parties sexuelles du corps comme une sphère d’intimité propre.

La pudeur, formation qui apparaît dans le premier des Trois essais, concerne tout aussi bien la relation privée que la parole et la pensée. Et Freud, lorsqu’il y écrit que « la dissimulation progressive du corps, qui va de pair avec la civilisation, tient en éveil la curiosité sexuelle », suggère que, bien qu’opposée au désir de voir l’autre nu, la pudeur ne ferait pourtant qu’aiguiser ce désir. On sait à quel point la séduction sait utiliser cet aiguillon du voilement qui exhibe le désir.

Freud fait débuter la civilisation et la vie sexuelle par l’éveil de la pudeur et de l’angoisse. La découverte de la nudité est signe de la chute hors de l’Éden. On sait aussi qu’une fois traversé le conflit œdipien, même entièrement dévêtu, l’humain n’est plus jamais « complètement nu ».

Freud ne dispose pas encore, à cette époque, des outils conceptuels du Surmoi et de l’Idéal du Moi, il n’évoque que la contradiction entre les exigences de la culture et les aspirations sexuelles des humains.

Les changements sociaux qui sont intervenus au cours du mouvement de libéralisation des mœurs sexuelles tolèrent et parfois favorisent des aspects de la sexualité qui autrefois n’étaient pas approuvés dans la société. Ils peuvent être imputés à la dissociation entre sexualité et reproduction, à la modification de la structure familiale marquée par la perte du statut prévalent de la référence paternelle, la banalisation du divorce, la transformation de la condition de la femme et l’acquisition de son indépendance économique, changeant les rapports entre homme et femme, et donc entre père et mère.

On peut dire que l’ « immaturité libidinale sociale », qui ne trouve pas à se résoudre, s’engage dans la répétition d’un mouvement destructeur dirigé vers la sexualité et certaines de ses représentations, tout en autorisant de façon paradoxale une profusion des sexualités les plus diverses. Plus la sexualité manifeste se déchaîne, moins elle s’élabore psychiquement.

La violence pulsionnelle

Venons-en à une constatation. De nos jours, la force pulsionnelle n’est plus attribuée qu’à la destructivité. On dit de tel violeur, de tel meurtrier sexuel ou de tel pédophile qu’il a eu « des pulsions ». Il s’agit, dira-t-on du côté des psychanalystes, de motions pulsionnelles issues du Ça. Mais faut-il pour autant dénier à ces motions une valeur d’enrichissement du psychisme ? Comment se fait-il qu’on peine tant à considérer la pulsion sexuelle dans toute sa dimension effractrice en même temps que nourricière ?

Car la violence ne se situe pas seulement du côté de la haine ou de la destruction. Une relation érotique nécessite – intrication des pulsions oblige ! – autant de violence, et même de cruauté, que de désir ou de tendresse. Éradiquer la dimension d’agression et de transgression de l’acte sexuel a des conséquences néfastes, et parfois catastrophiques sur la sexualité. On constate actuellement une perte du désir, un accroissement du recours à des sexualités régressives, addictives ou d’agirs, des angoisses de déphallicisation, une exacerbation des défenses anales. La clinique rencontre des personnes souffrant d’apragmatisme sexuel, de vaginisme, d’absence de relations sexuelles, qu’il importe d’aider à trouver ou retrouver le chemin d’une éclosion libidinale, d’une élaboration névrotique des symptômes. On a trop tendance à mettre ces phénomènes au seul compte de l’évolution des mœurs qui a donné davantage d’autonomie, et même de pouvoir aux femmes, privant les hommes de leurs privilèges virils.

LE SCANDALE DE LA SEXUALITé FEMININE ET DE LA SEXUALITE DES FEMMES

Dans l’index de la publication des Trois essais, on ne trouve aucun terme concernant la féminité, le féminin ou la femme. Bien que – et probablement du fait que – ses premières patientes aient été des femmes dites hystériques, Freud parle de « l’énigme du féminin », du « continent noir ». On sait que ses textes concernant la différence des sexes, le complexe d’Œdipe sont très tardifs, lors des années 1920, et que ses théorisations sur la féminité prendront date dans les années 1930, après la mort de sa mère. Mais que de notations dans des écrits tels que « Dora », « Le tabou de la virginité », et dans ses textes littéraires, pour commencer à éclairer ce continent noir !

C’est au crépuscule de sa vie (S. Freud, 1937), après avoir posé le Charybde de la pulsion de mort face aux pulsions de vie et d’amour, que Freud désigne le Scylla du « refus du féminin » dans les deux sexes. Il déclare que ce refus du féminin constitue un « roc », une part de cette « grande énigme de la sexualité », une résistance difficile à surmonter, et un obstacle aux efforts thérapeutiques de la psychanalyse.

Il est troublant de constater à quel point ce « refus du féminin » constitue une loi générale des comportements humains et participe à l’élaboration de leur genèse psychique, au point que Freud en a construit une théorie phallocentrique du développement psychosexuel, et que Lacan a fait du phallus le signifiant central de la sexuation, du désir et de la jouissance.

Si cette organisation phallique est un passage obligé, pour les deux sexes, étayée sur une théorie sexuelle infantile, celle d’un sexe unique, le pénis phallique, c’est, à mon sens, parce qu’elle a dû constituer une tactique défensive face à l’effraction de la découverte de la différence des sexes, face à l’Œdipe (J. Schaeffer, 1997, 2008).

La domination de l’homme, incontestable dans l’organisation de toutes les sociétés, renvoie, du point de vue psychanalytique, à la nécessaire fonction phallique paternelle, symbolique, laquelle instaure la loi, qui permet au père de séparer l’enfant de sa mère et de le faire entrer dans le monde social.

Je pose que l’amant de jouissance vient aussi en position de tiers séparateur pour arracher la femme à sa relation archaïque à sa mère.

Mais comment peut-on comprendre que ce « refus du féminin » ait une telle portée et une telle persistance, encore de nos jours ?

Pourquoi les femmes représentent-elles pour l’organisation sociale un danger tel qu’il a fallu si longtemps les exclure de la sphère publique, et s’attribuer tout contrôle sur leur capacité érotique et leur capacité procréatrice ? Et que tout ce qui a trait au pouvoir et au savoir demeure si longtemps chasse gardée des hommes ?

Un des dangers avancés est que l’égalité puisse induire la confusion entre les sexes, donc déstabilise le rapport sexuel et, de ce fait, la domination d’un sexe sur l’autre.

Peut-on induire que ce qui a toujours menacé l’ordre politique, social et religieux, c’est ce qui touche à la puissance de procréation des femmes, mais davantage encore à leur capacité érotique ? Et le fait qu’osent s’interpénétrer la mère dans la femme, et la femme dans la mère ? Cela étant, on sait à quel point le maternel peut œuvrer, pour les deux sexes, à contre-investir le féminin érotique !

À l’encontre du couple phallique-châtré, qui, tout autant que le couple anal-fécal, conforte le maintien de l’organisation sociale et de ses rapports de pouvoir, la constitution d’une relation de couple masculin-féminin est une création psychique, laquelle implique la reconnaissance et l’affrontement de l’altérité dans la différence des sexes. La capacité de transformation d’un couple phallique-châtré en un couple masculin-féminin détermine le mode et la qualité de la relation sexuelle, affective et sociale qui s’établit entre un homme et une femme, et témoigne d’un « travail de culture » (Kulturarbeit).

L’autre sexe, que l’on soit homme ou femme, c’est toujours le sexe féminin. Car le phallique est pour tout un chacun le même. Forte fut ma surprise de constater, au cours de certains colloques, que le masculin persiste à être assimilé au phallique sans la moindre prise en compte qu’il puisse être son antagoniste !

Cet être phallique narcissique, qui ne fait couple qu’avec un être « châtré », comment pourrait-il ne pas virer à la peur, au mépris ou à la haine du féminin (J. Cournut, 2001, 2006) ?

Au-delà du phallique : le sexe féminin

On sait que l’émancipation des femmes, en France, a été une longue histoire, une conquête plus tardive que celle des Noirs ou que celle des Juifs. Ainsi, on n’est parvenu à l’émancipation politique des femmes, par le droit de vote, qu’en 1946, à la libération de l’usage de leur corps par elles-mêmes qu’au cours des années 1970, dites les « années femmes », jusqu’à la loi Veil en 1975. Sous d’autres cieux, la femme est encore soumise à de nombreux interdits, subit des pratiques de mutilation sexuelle, est victime de lapidations, etc.

L’émancipation des mœurs a connu un énorme essor. Les mouvements féministes des années 1970 ont entraîné, comme on le sait, des progrès considérables, ceux notamment de pouvoir dissocier consciemment le désir érotique des femmes de leur désir de procréation, et de remettre le pouvoir de décision absolue d’avoir ou non des enfants à la femme.

Mais peut-on dire, pour autant, que cette évolution soit allée dans le sens de la libéralisation de la sexualité des femmes, du dégagement de l’emprise de la mère archaïque, et de l’accès au féminin dans une relation de jouissance sexuelle et d’amour ?

Le statut des femmes est le miroir de la structure et de l’histoire d’une civilisation, le pivot et le révélateur de ce qui change dans une société, le symptôme des crises et des enjeux de pouvoir entre les sexes, l’emblème de toute égalité. Une égalité nécessaire à conquérir et à maintenir dans le domaine politico-socio-économique, mais ô combien il importe qu’elle ne soit pas confondue avec une abolition de la différence des sexes, laquelle trouve bénéfice à être exaltée dans la sexualité, du fait de l’antagonisme entre les défenses du Moi et la libido.

Antagoniste de la logique phallique qui n’existe que de nier la différence des sexes, de dominer et de fuir le féminin, le couple masculin-féminin ne se construit que dans une cocréation réciproque. C’est, à mon sens, la condition d’une véritable émancipation propre à éviter la guerre des sexes, et la domination de l’un par l’autre.

Le jour se lève-t-il sur le « continent noir » ?

Les femmes en parlent davantage. Mais peu de femmes peuvent ou savent le dire. Sauf à exprimer le désir féminin en termes de sexualité masculine, phallique, dans certaine littérature.

Le vrai scandale du féminin, c’est celui du masochisme érotique : il fait dire à la petite fille œdipienne : « Papa, fais-moi mal, bats-moi, viole-moi ! » (deuxième temps fortement refoulé du fantasme « Un enfant est battu », S. Freud, 1919). Et la femme amoureuse à son amant : « Fais de moi ce que tu veux, possède-moi, vainc-moi ! »

Les femmes actuelles savent ou ressentent que leurs « angoisses de féminin » ne peuvent ni s’apaiser ni se résoudre suffisamment par une réalisation de type « phallique ». Elles savent et ressentent surtout que le fait de ne pas être désirées ou de ne plus être désirées par un homme les renvoie à un douloureux éprouvé d’absence de sexe, ou de sexe féminin nié, et ravive leur blessure de petite fille forcée à s’organiser sur un mode phallique face à l’épreuve de la perception de la différence des sexes. C’est là que se situe leur « angoisse de castration ».

C’est au contact des femmes, par identification à des femmes hystériques souffrantes et entravées, que Freud, Juif non reconnu des milieux académiques, s’est tourné vers la vie intime et fantasmatique, notant ses propres rêves et ceux de ses patientes, pour découvrir avec elles ce qui demeure le scandale absolu : la vie psychique inconsciente, dominée par la pulsion.

EN GUISE DE CONCLUSION

« Le psychanalyste se doit de rester la zone érogène de la société », disait Michel Fain. La névrose et la sexualité ne sont plus au premier plan des réflexions du psychanalyste actuel. Nombre de problématiques préoccupantes peuvent le justifier. Mais comment admettre que la sexualité adolescente ou adulte effective fasse aussi rarement partie de son écoute, et de son champ d’exploration théorique ? Et que l’on continue à dénoncer, malgré ce que j’ai tenté d’en dire, le silence des femmes sur leur jouissance ?

René Roussillon (2008) exprime :

« Si la littérature psychanalytique fourmille, en effet, de travaux portant sur la sexualité infantile ou la vie pulsionnelle, beaucoup plus rares sont ceux qui s’attellent à en cerner la place dans la sexualité elle-même, celle qui se met en acte dans le “rapport” sexuel adulte lui-même. Celui-ci cependant, quand il n’est pas dissocié du reste de la vie psychique, révèle quelque chose d’essentiel et de fondamental de la vie psychique elle-même. »

 

Ne peut-on en inférer des formes de résistances apparentées au roc du « refus du féminin » qui sommeille en chacun de nous ?

« Oui, le sexe est dangereux, et le désir est une maladie mortellement transmissible », écrit Michel Schneider. Elle ajoute : « La différence des sexes est une maladie incurable » (2007).

Dans une société de moins en moins « œdipienne », qui tend à dénier la différence générationnelle et celle des sexes, l’analyste n’a-t-il pas à se sentir investi d’une fonction essentielle ? Celle d’être garant d’une sexualité élaborative, de la cocréation du couple, de la jouissance sexuelle ou de ses heureuses sublimations, face à un monde qui nous confronte à l’existence de formes de plus en plus opératoires ou perverses de sexualité, d’une jouissance de violence destructrice, d’une déshumanisation et d’une « fécalisation » de l’individu, d’une excroissance des forces de pouvoir et d’emprise ? Et les manœuvres visant à abolir les différences, celles des sexes tout particulièrement, ne sont-elles pas, comme l’a souligné André Green, les niches ultimes de la pulsion de mort dans son œuvre de dédifférenciation ?

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Cournut J. (2001), Pourquoi les hommes ont peur des femmes ?, Paris, PUF, « Quadrige », 2006.

Bouvier Mgr (1827), Les mystères du confessionnal, Paris, Éric Losfeld, 1968.

Braunschweig D., Fain M. (1975), La nuit, le jour. Essai psychanalytique sur le fonctionnement mental, Paris, PUF.

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Ferenczi S. (1932), Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, Œuvres complètes, t. 4, Paris, Payot, 1982.

Freud S. (1887-1902), Lettres à Wilhelm Fliess, La naissance de la psychanalyse, Paris, PUF, 1973.

Freud S. (1905), Trois essais sur la théorie de la sexualité, Paris, Gallimard, 1987.

Freud S. (1918), Le tabou de la virginité, Contributions à la psychologie de la vie amoureuse. La vie sexuelle, Paris, PUF, 1970.

Freud S. (1939), L’homme Moïse et la religion monothéiste, Paris, Gallimard, 1986.

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Roussillon R. (2008), Postface à la réédition, dans la collection « Quadrige », de J. Schaeffer, Le refus du féminin, Paris, PUF.

Schaeffer J. (1997), Le refus du féminin (la sphinge et son âme en peine), Paris, PUF, « Épîtres », 4e éd., 2003 ; « Quadrige », 2008.

Schneider M. (2007), La confusion des sexes, Paris, Flammarion, « Café Voltaire ».