4 ans après 2005
Éditorial

4 ans après 2005

L’expertise collective INSERM de 2005 sur «Le trouble des conduites» avait donné lieu à d’intenses et multiples réactions, et c’est à son sujet qu’était né le collectif «Pas de O de conduite». A l’issue d’un débat public et technique assez rude, l’INSERM avait alors accepté de modifier le format de ses futures expertises collectives en matière de Santé Mentale afin, de tenir compte davantage des avis des différents acteurs de terrain.

Où en sommes-nous aujourd’hui, soit quatre ans après ces évènements ? La situation est loin d’être rassurante. La place réservée par l’INSERM à la psychiatrie dans sa dimension psychopathologique semble, aujourd’hui, extrêmement réduite, ce qui ne peut qu’éveiller notre inquiétude, et ceci d’autant plus que la nouvelle Direction Générale, ne s’est pas clairement prononcée sur les suites qu’elle donnerait ou non, quant aux promesses qui avaient été faites par la Direction Générale précédente en ce qui concerne la méthodologie des futures expertises collectives dans le champ de la Santé Mentale !

L’heure est donc plutôt à la méfiance, et ceci surtout si l’on met en perspective les faits suivants : l’expertise collective de l’INSERM sur les «dys» qui a, en dépit de tout, suivi de près celle -si controversée- de 2005, la relance actuelle du dépistage des futurs délinquants à la crèche, l’attaque de l’école maternelle et la mort annoncée des RASED, et la menace, enfin, qui pèse actuellement sur la recherche dans le champ des sciences humaines (tant au niveau des formats de recherche que du point de vue des statuts des enseignants et des chercheurs). Le collectif «Pas de 0 de conduite» fonctionne de plus en plus comme une sorte d’observatoire actif permettant au citoyen de se faire une idée sur les implications de mesures qui peuvent paraître plus ou moins isolées les unes des autres, mais qui s’inscrivent en fait dans une vision politique dangereuse, car fondée sur une culture du quantitatif et sur une culture de l’expertise qui, sous le masque d’une prétendue modernité, risquent en réalité de fragiliser encore un petit peu plus les sujets les plus vulnérables. Or, on le sait bien, l’éthique d’une société se mesure toujours à l’attention et aux aides qu’elle apporte à ses membres les plus en difficulté. Quatre ans après 2005, il est donc clair que le combat se poursuit. Comme le disait Francis Scott Fitzgerald : «On devrait pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir, et cependant demeurer
décidé à les changer» !