« Au psychanalyste qui, jour après jour, séance après séance, s’expose à la pensée délirante, à la violence et à l’incohérence schizophréniques, les sages préceptes de « neutralité bienveillante » et d’ « attention flottante » ne seront d’aucun secours, et moins encore, quand il est sans cesse pris à partie dans son être, le modèle canonique du transfert ».
La clinique de la violence est avant tout une rencontre avec le sexe et la mort, convoquant d’emblée le clinicien au lieu même d’une rencontre interdite. Force es t de constater que les mouvements transférentiels singuliers de cette clinique entament le sentiment de sécurité en suscitant des angoisses intolérables. Face à la mort qui se livre dans toutes ses dérives, le clinicien est convoqué dans un véritable mouvement de balancier oscillant entre rejet et attraction. Aussi, la rencontre s’engage sur une ligne de crête, sans cesse menacée de rupture difficilement pensable et oscillant entre excitation, sidération et fascination. L’impensable est un indice de la catastrophe de sens, de la rupture de la pensée, de l’arrêt du processus associatif. En ces termes, parler de carence ou de déficit représentatif semble assez peu rendre compte des conditions nécessaires pour que la pensée soit susceptible de donner forme à l’expérience. Dans ces cliniques, l’impensable reste un moyen d’échapper à l’agonie et à ce qui, dans le passé, est survenu comme un accident incommunicable implanté au cœur du psychisme et donné à éprouver au thérapeute.
Il est parfois bien difficile de penser l’entrave de la pensée comme une expression contre-transférentielle liée au rapport de terreur que ces patients ont vis-à-vis de leur monde interne. H. Searles (1979) explore le contre-transfert en soulignant l’importance d e l a symbiose…