Une fois de plus, on constate que les promesses n’engagent que ceux qui les entendent. De grands espoirs pour la pédopsychiatrie étaient nés des positions prises par le gouvernement qui semblait enfin avoir pris la mesure de la situation véritablement sinistrée de cette discipline. Mais, tout ceci semble désormais remis en question. Ce n’est pas seulement la question du soin psychique qui est en danger mais l’existence même de la pédopsychiatrie dans notre pays.
Une lecture attentive du plan santé révèle qu’il n’apporte en effet aucune solution aux nombreux problèmes qui se posent. Si l’origine des troubles mentaux de l’enfants et de l’adolescent sont pensés comme purement endogènes ou comme purement réactionnels à des traumatismes externes, c’est toute l’approche psychopathologique qui s’évanouit purement et simplement.
La psychopathologie n’est pas que psychanalytique, tant s’en faut, mais le renoncement de la pédopsychiatrie à ses racines psychanalytiques ne fait que la fragiliser encore davantage… Par ailleurs, l’unité de la pédopsychiatrie qui repose sur une prise en compte soigneuse des liens entre l’enfant et son environnement ne peut se satisfaire d’une conception morcelée qui la réduirait à une mosaïque de troubles hyperspécialisés du seul ressort des pédiatres ou des neuropédiatres et n’appelant qu’à des mesures palliatives ou rééducatives. Tel est le risque de dérive qui s’attache au mésusage du terme de trouble « neurodéveloppemental ».
Alors, que faire ? Il importe tout d’abord, que les parlementaires mettent clairement en acte par leurs votes, les promesses faites à la pédopsychiatrie, promesses qui les engagent vis-à-vis des patients. Il est crucial par ailleurs que ne soient pas gelés les crédits de l’hôpital public et de la pédopsychiatrie de manière à ce qu’ils puissent être concrètement utilisés dans les meilleurs délais. Il serait souhaitable enfin que soient urgemment organisés des états généraux refondateurs de la pédopsychiatrie qui ne devront éluder aucun des aspects de la crise identitaire que cette discipline si précieuse traverse aujourd’hui afin de ne pas la laisser mourir dans l’indifférence générale.