Le livre de Alice Jardine, professeur de Littérature à Harvard, écrit dans un anglais d’accès facile, bien présenté, rend compte, sous le titre de « biographie intellectuelle », des facettes multiples de la personnalité et de l’œuvre de Julia Kristeva. Le titre reprend celui d’un texte tiré d’une série d’émissions à France-Culture en 2001 : « Au risque de la pensée ». La couverture présente trois photographies de Julia à des âges différents et, dans le texte, des photographies sont réparties dont celle de sa famille, mais aussi d’elle-même avec des membres de l’Eglise Orthodoxe bulgare, le groupe Tel quel et Roland Barthes.
Ce livre de 385 pages réussit à donner une vue d’ensemble de la vie et de l’œuvre de Julia Kristeva : un itinéraire exceptionnel au plus vif de l’époque, de la linguistique (et du sémiotique) à la psychanalyse, aux Arts et aux Lettres. Loin de n’être qu’une biographie intellectuelle, l’ouvrage met en rapport étroit la vie et l’œuvre, les événements de vie et les expériences personnelles et familiales, les rencontres et les engagements, et surtout l’expérience de l’écriture et celle de la psychanalyse (comme analysante et comme analyste, membre formateur de la Société Psychanalytique de Paris).
Les textes de Julia sont ici groupés en quatre parties par décennies de 1941 à nos jours : tous sont situés historiquement, résumés en quelques pages, enrichis de citations bien choisies et de nombreuses notes (en fin d’ouvrage).
Dans la première partie 1941-1965, la Bulgarie communiste dans l’enfance (notamment comme fille de son père), la jeunesse (et la souffrance), les découvertes intellectuelles ; dans la deuxième partie (1965-1979), les mentors, l’exil, le Doctorat par lequel elle deviendra professeur de linguistique, Sollers et le groupe Tel quel ; ensuite les premiers textes savants : la linguistique (d’abord avec Bakhtine et Benveniste) et le sémiotique, la Chine et…
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