Tentation d’échecs, entre répétition et réussite
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Tentation d’échecs, entre répétition et réussite

« LE SCRIPT EST DÉJÀ ÉCRIT : JE SUIS UNE MACHINE À PERDRE »

me dit Alain lors de nos premières rencontres, me proposant d’emblée un regard extérieur, venu de la société, alors que le sien parait vide. C’est un homme seul, sans amis, il a 40 ans. L’échec, il n’a connu que cela, et d’emblée, il rend sa mère responsable de tout, une mère très excitante, sadique, tyrannique, humiliante, l’abreuvant d’injures pendant toute son enfance et même au-delà. « Je n’ai pas explosé, j’ai implosé » dit-il, ajoutant qu’il n’est « pas construit, mais pas détruit ». Enfant, adolescent ou adulte, peu de souvenirs, il a peu d’histoires à raconter. Il insiste : « un enfant, ça ne s’éduque pas, ça se dresse », rapportant les propos de sa mère et il est peut-être encore et toujours cet enfant qu’il faut dresser. Il était impossible ou interdit d’essayer, voire même de penser, à faire de grandes études. La violence du regard de sa mère est longuement décrite comme une intrusion permanente et Alain ne semble exister que sous son regard pétrifiant.

Dans le mythe du bouclier de Persée, la déesse Athéna donne à Persée un bouclier poli comme un miroir, renvoyant à la gorgone Méduse sa propre image effrayante. Cette image, renvoyée sur un plan en deux dimensions, sans profondeur, permet ainsi à Persée de la regarder et de la décapiter sans jamais lui faire face. Francis Pasche évoque le dégagement d’un espace qui offre une « marge de liberté ». Alain n’a pas pu ni su trouver de bouclier protecteur pare-excitation face au regard de sa mère, au risque pétrifiant d’anéantissement.

« J’ai coupé toutes mes terminaisons nerveuses », déclare-il, comme s’il se voyait non terminé, non abouti, expliquant que cela…

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6 articles
Les logiques de l'échec