Féminicide : inventé par Jill Radford et Diana Russell dans leur ouvrage de 1992, Feminicide, the Politics of Women Killing, le terme décrit l’assassinat d’une femme en sa qualité de femme. Son apparition dans le langage traduit d’un changement de regard sur une réalité ancestrale : les violences sur les femmes conduisent dans des cas extrêmes, mais fréquents, au décès. À l’instar du matricide, du parricide et de l’infanticide, leur spécificité est enfin reconnue dans notre langue.
Malgré son intérêt politique et sociétal, le terme a peut-être perdu en nuances ce qu’il a gagné en popularité. Comme le montre le dossier de Clémentine Rappaport et son équipe, attaquer une femme, c’est parfois attaquer une mère. La mère de ses enfants. C’est aussi attaquer l’enfant dans la femme, l’enfant qu’elle porte ou qu’elle peut porter, l’enfant avec lequel elle a un lien si particulier. Il n’est pas question d’établir ici une hiérarchie absurde et odieuse entre les violences faites aux femmes et celles faites aux mères, mais de tracer des distinctions nécessaires pour comprendre et prendre en charge les familles et les enfants concernés.
Quelle place pour l’enfant ? C’est à partir de cette question que notre dossier a été construit. Simple et profonde, une phrase de Winnicott donne à ressentir et à réfléchir sur la problématique de l’enfant témoin de violences : « Ses parents se querellent devant lui pendant que l’enfant est occupé à un autre problème ». Grandir, développer sa géographie intérieure, tisser des liens : c’est de cet « autre problème » frappé par la violence qu’il est question tout au long du numéro.
Au fil des pages, on ressent la présence et la qualité du travail d’équipe des membres de ce service…