Il est toujours plus intéressant de voir une petite exposition où on fait des découvertes — un artiste peu médiatisé, l’aspect inconnu d’un artiste, une confrontation inattendue de deux artistes — plutôt que de visiter les blockbusters de la rentrée. Il y en a pourtant ! Et des très grands, comme Rothko à Vuitton, de Staël au MAM, Van Gogh à Orsay, Modigliani à l’Orangerie. Mais ils sont déjà si largement médiatisés et commentés qu’il est difficile de trouver un angle d’attaque ouvrant sur un regard nouveau.
Le rapprochement entre Gertrude Stein et Picasso au Musée du Luxembourg se prête par contre à des découvertes. Dans une première approche, on est un peu perplexe, car le rapprochement ne paraît pas évident. On a l’impression de voir deux expositions. Une première qui donne à voir un ensemble de très belles toiles de Picasso dont l’influence sur tout le XXe siècle est incontestable. Puis une deuxième qui expose des œuvres de l’avant-garde américaine des années 1950-1960, qui donnent une impression de déjà-vu et dont on ne voit pas toujours l’intérêt. Au départ, les Stein étaient des collectionneurs de jeunes artistes, plutôt que des artistes eux-mêmes. C’est Leo Stein, frère de Gertrude auquel elle était très liée et qu’elle vient rejoindre en 1904, dans le fameux appartement de la rue de Fleurus, qui a en fait découvert Picasso. L’importance de Leo Stein, personnage complexe, passionné de peinture, semble minimisée dans l’exposition. C’est pourtant sur son impulsion que les Stein deviennent collectionneurs et mécènes d’une importante collection, Cézanne, Matisse, mais surtout des toiles de Picasso. Jeune peintre, fraîchement débarqué à Paris, inconnu lors des premiers achats de Leo Stein, il a fait ensuite la carrière que l’on sait. Et Gertrude Stein a été reconnue comme une poétesse-écrivaine…