Petite notule psychanalytique et subjective sur « La Zone d’intérêt » 1 de Jonathan Glazer
Le parti pris d’un cinéaste relève totalement de sa création originale, de sa proposition artistique et de son style, évidemment en partie de l’objet traité ; à cet endroit – et sans aucune prétention critique, technique et cinématographique - je ne saurais et ne voudrais parler ici rapidement que de l’énorme « claque » que le visionnage de La Zone d’intérêt peut produire ; de l’impact de ce film sur moi, sans doute sur tant d’autres ; et aussi un peu de ce que cette proposition interroge, sur le plan psychique, d’une forme de figuration et de narration de l’horreur, et d’approche comme « négativée » de l’irreprésentable, de l’horreur absolue, et du traumatisme ultime de la solution finale.
L’option du réalisateur Jonathan Glazer² (en cela inspiré d’un ouvrage homonymique récent de Martin Amis (2016), et également très proche de La Mort est mon métier (1952) de Robert Merle) est de montrer la misère et l’horreur d’un camp d’extermination, sans jamais en donner une seule image directe. « Pire » : du point de vue banal et quotidien de ceux qui y sont enfermés, mais du « bon côté du mur » (côté jardin) de la vie d’une famille allemande, celle du commandant du camp, Rudolf Höss, organisateur en chef de l’extermination dans ce camp de la mort.
Il s’agit donc d’un hors-champ tétanisant qui esquive le piège de la reconstitution et des images insupportables comme pour mieux nous aider à nous en saisir… Ceci est une proposition unique en son genre, en tout cas au cinéma, et terriblement bien rendu par Glazer³. Ce choix risqué (et d’ailleurs critiqué par certains) et cette facture froide et presque clinique…