Paul Marciano, pédopsychiatre, psychanalyste, rend compte dans ce livre de son expérience de psychothérapeute auprès d’enfants nés de femmes qui vivent en couple homosexuel, ayant eu recours à l’insémination artificielle avec donneur (IAD). Il a choisi, dans cette patientèle si particulière, quatre cas de garçons qui consultaient pour des troubles mineurs, mais représentatifs d’une clinique nouvelle, foisonnante de questions propres à notre époque. Cette technique qui procède de la Procréation médicalement assistée (PMA), entraîne des bouleversements dans la parentalité et particulièrement en ce qui concerne la fonction paternelle. L’incidence sur la psychanalyse a conduit Moustapha Safouan à écrire en 2018, La Civilisation post-œdipienne, où il énonce que dans cette clinique le père est réduit à l’état d’objet partiel.
Les travaux sociologiques se sont multipliés depuis l’application de cette technique de PMA avec don, mais comme le constate Paul Marciano (p. 18) : « Les conséquences sur les enfants n’ont pas toujours été étudiées à leur juste hauteur et dans toutes leurs complexités ».
Il est donc justifié de donner la parole aux enfants et aux autres participants de cette expérience. En l’occurrence, l’auteur se fait leur médiateur, s’attachant à rendre compte des données de ces complexités. Il s’intéresse d’abord au donneur, qui reste masqué par l’anonymat, mais peut-être provisoirement, car le déroulement de la pratique fait que des voix s’élèvent pour que cet anonymat cesse.
Il n’existe pas (encore ?) de clinique du donneur, mais l’auteur développe une phénoménologie basée sur l’anthropologie qui situe le don en regard du contre-don, de la dette et de la gratitude au sens de Melanie Klein. L’hypothèse est qu’il en résulterait, de la part des mères, un devoir de réussite, d’être irréprochables. Le couple de femmes devient couple…