Alain Braconnier : Vous avez, me semble-t-il, une double filiation professionnelle : une filiation “médicale”, avec une formation en pédiatrie et une filiation “psychanalytique”. Quels ont été plus précisément votre parcours et vos ancrages ?
Jean Bergeret : Au cours de la dernière guerre, les internes des hôpitaux de SaintEtienne avaient été en grande partie mobilisés. Bien que je ne fus alors qu’au commencement de ma formation médicale, on m’a demandé de bien vouloir assurer (pour un provisoire qui a dû se prolonger quelque peu) un poste d’interne de remplacement en psychiatrie. Ce premier contact avec la psychiatrie m’a humainement intéressé mais effrayé en même temps en raison de la brutalité des traitements d’alors. A la fin de cette expérience, quelque peu imposée, je me suis juré de ne plus faire de psychiatrie de ma vie. Je me suis tourné, à l’issue de mes études médicales, vers la pédiatrie, et je suis parti au Maroc. C’est au Maroc où il venait de se fixer, que j’ai rencontré un psychanalyste, alors très célèbre, René Laforgue (le premier français ayant été élève direct de Freud et fondateur de la première société psychanalytique de Paris). J’ai suivi ses enseignements à Casablanca où il avait créé un institut de psychanalyse. Cela dura environ six ans. Puis, je suis revenu en France et je me suis installé à Lyon, où avec Charles-Henri Nodet, Jacqueline Cosnier et quelques autres collègues de la région nous avons fondé le groupe lyonnais de psychanalyse en 1958. A Lyon, après 68, j’ai été sollicité pour enseigner la psychologie clinique à l’Université Lyon 2. J’ai engagé peu après la rédaction de ma deuxième thèse d’Etat (de Sciences Humaines celle-ci) à Nanterre sous la direction de Didier Anzieu. Elle a été publiée sous le titre La Personnalité…