Comment parler d’accompagnement soignant aujourd’hui ? Avec quels outils, quels cadres de pratiques ? L’accompagnement dans le soin est un sujet de moins en moins débattu en terme de rapport dialectique entre le soignant, le soigné, le soin, l’institution, la famille etc. Accompagner un sujet dans le soin ou dans une démarche de soin est une ambition subjective du soignant qui ne peut ni résister, ni se substituer à la propre subjectivité du sujet soigné. Accompagner un patient sans tenter de se substituer à lui, sans le déposséder de ce qui l’anime dans sa relation au monde et au personnel soignant, au risque de se dérober soi-même de sa propre fonction, c’est aussi prendre appui sur ce qui le caractérise dans son histoire, son désir, ses difficultés. Mais la question de l’accompagnement ne suffit plus à justifier d’une activité soignante. Le temps passé auprès des malades n’est pas comptabilisé. Les actes le sont. Les conséquences se font rapidement sentir auprès des professionnels qui ne se considèrent plus comme des sujets agissant dans une équipe ou dans une institution mais comme des instruments à la disposition des besoins institutionnels. Le patient, de son côté, glisse de la place de sujet à celle d’un instrument clinique parfois déconsidéré sur le plan subjectif. Alors que le discours soignant s’étoffe au travers d’expériences institutionnelles du soin, la parole du soignant se veut plus réservée quand elle devrait témoigner de sa subjectivité. Elle est peu ou pas entendue car elle a peu ou pas d’interlocuteurs. Les personnes démissionnent devant la difficulté que représente la prise de parole qui n’opère plus son rôle témoin des affects ; la parole du patient en psychiatrie est souvent décrédibilisée aux yeux des soignants, des travailleurs sociaux, des politiques... A tel point qu’il se trouve parfois piégé dans une habitude…
Dossier
Accompagnement soignant : quelle marge de manoeuvre pour l’infirmier en psychiatrie ?
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