Dans un article récent de 2005, Marie-Lise Roux fait l’hypothèse que la bascule que nous observons souvent entre le délire et les somatisations serait deux voies ou deux destins de la libido.
Elle souligne qu’un des reproches adressé à Freud, c’est de toujours relier le fonctionnement mental au soma, c’est d’ailleurs ce qui le sépare de nombreux auteurs tels que Jung et Adler qui ont rejeté la sexualité infantile. Ce qui caractérise le mieux la pensée de Freud, c’est ce qu’il accorde à la force d’Eros, c’est-à-dire de la libido et sa survenue dans le somatique où surgit l’excitation. C’est de là que découle la pulsion au terme d’une longue transformation. En même temps que le corps se transforme, il devient perceptif et affecté, les affects étant la qualification des pulsions. La représentation advient quand les affects rencontrent les mots de la symbolisation. Le corps pour Marie-Lise Roux a un statut très particulier, d’abord son intimité y est inscrite, mais le fait qu’on ne puisse pas le saisir dans son entier le situe d’emblée dans la dépendance de l’autre et lui donne le statut d’étranger, voire d’inconnu. Il est donc aussi objet de l’objet, et du monde extérieur. Du fait de sa prématurité, il dépend « de l’objet secourable », objet sans lequel il ne pourrait pas survivre. Cet objet nourricier qui le tient et le porte, le regarde et l’entoure, lui renvoie ce qu’il est, comme un miroir vivant sans lequel le bébé ne se sentirait pas exister.
M.-L. Roux met en évidence que ce qui est primordial pour le fondement de l’appareil psychique, c’est le phénomène de retournement sur soi à travers le regard de l’objet. Puis cette auto-observation fait apparaître une séparation entre le…