Introduction
La question de la bisexualité, traditionnellement, renvoie à la différence entre homme et femme, soit directement entendue comme différence anatomique entre les sexes, soit indirectement comme différence entre masculin et féminin, ce qui est tout autre chose. Aujourd’hui en raison de l’introduction du genre dans la théorie sociale, il faudrait ajouter une troisième dichotomie : la différence entre virilité et muliébrité. Soit trois couples qui renverraient successivement à la biologie - le corps -, à la psychanalyse - la sexualité -, à la sociologie - les rapports de domination -. Mais cette belle classification ne résiste pas bien à l’épreuve de la clinique et de la théorie.
I – Corps et sexualité originaire
Pour essayer d’aborder la controverse sur la bisexualité, je propose de suivre l’ordre génétique de la construction de la sexualité. Dès le début de cette construction, le corps est convoqué. Mais même si le corps du nouveau-né est morphologiquement mâle ou femelle, ce n’est pas, me semble-t-il, l’anatomie sexuelle qui est en cause dans cette construction. Pour la genèse de la sexualité, la question anatomique est au second plan derrière la question physiologique. Ce qui compte, en effet, à l’orée de la vie, c’est l’immaturité des fonctions ou, mieux, des régulations physiologiques. En raison de cette immaturité, la vie au sens biologique du terme, ne peut pas se poursuivre sans assistance ou sans soin apporté à ce corps, de l’extérieur.
Mais les soins du corps apportés par l’adulte, on le sait, ne peuvent pas se jouer exclusivement sur le plan de l’instinctuel et de la conservation. L’auto-conservation est portée chez le nouveau-né par des comportements instinctuels que l’on convient de…