Propos recueillis par Jérémy Tancray
Carnet Psy : Didier Houzel, vous venez de publier Laisse son Esprit prendre son essor avec Antoine Devos, qui explore au fil de cinq entretiens le champ auquel vous avez dédié une grande partie de votre carrière : la pédopsychiatrie. Vous montrez, dans le livre que vous n’êtes pas un défenseur dogmatique de la psychanalyse, ni comme thérapeutique ni comme théorie ; on y apprend d’ailleurs que vous n’étiez pas véritablement acquis à la « cause » psychanalytique au début de votre formation. Pensez-vous qu’il puisse y avoir dans notre discipline une manière de transmettre l’enseignement freudien susceptible d’empêcher la croissance de la psychanalyse ?
Didier Houzel : Il faut peut-être préciser qu’Antoine Devos a été mon interne et que nous nous sommes connus sur le terrain. C’est lui qui a eu l’idée de ces entretiens et qui a probablement voulu préciser ce qui l’avait le plus intéressé dans cette période d’échange et de transmission avec moi. C’est donc sans doute sous cet angle de la transmission que les choses se sont organisées, entre nous deux.
Il est vrai que d’une manière générale, je n’aime pas beaucoup la pensée dogmatique. Il me semble, au risque de me tromper, que le dogme établit une vérité une fois pour toutes, ce qui est contraire à l’activité même de penser. Si l’on admet des dogmes, on arrête la pensée. Or je pense que c’est tout à fait contraire à une position plus modeste qui consiste à accepter que l’on ait besoin de découvrir, d’explorer et de laisser son esprit – comme je l’ai emprunté à Aristophane – prendre son essor. Et cela n’est aucunement contraire à l’idée de valeur. On oppose parfois, malheureusement, les…