L’être humain peut avoir peur de ce qu’il désire le plus et faire le contraire de ce qui le rendrait heureux s’il pouvait le faire, car reconnaître un désir c’est se confronter à la possibilité de ne pas le voir se réaliser, et plus les assises narcissiques sont fragiles, plus cette perspective est terrifiante¹. L’adolescence est ainsi un processus marqué par des paradoxes, ces derniers tenant d’un côté à l’ébranlement narcissique que représentent la puberté et ses conséquences tant corporelles que psychiques, et de l’autre à l’équation complexe de l’aménagement des dépendances, principalement avec les adultes qui se sont occupés de l’enfant que l’adolescent a été². Car il est essentiel d’avoir à l’esprit que l’adolescence est la confrontation à une double impuissance, celle de vivre les transformations physiologiques et corporelles de la puberté et celle de vivre une excitation interne, une pulsionnalité qui déborde, deux transformations considérables sur lesquelles l’adolescent/te n’a aucune prise. Ce processus de développement adolescent marqué par une nécessaire passivité conduit à une recomposition des identités. La puberté et la transformation sexuée du corps représentent une contrainte que tous les êtres humains ont à supporter dans ces années délicates de passage de l’enfant à l’adulte. La transformation du corps et son imprégnation sexuelle se sont toujours imposées sans que l’adolescent en ait jusqu’ici le moindre contrôle ! À lui de se conformer à la binarité de la différence des sexes imposée par le jeu de ces transformations pubertaires, même si depuis plusieurs siècles il y a toujours eu quelques rebelles, peu nombreux, plus d’hommes que de femmes qui, au milieu de beaucoup de souffrances, ont remis en cause cette binarité comme la frontière de la différence des sexes.
L’hypothèse d’une convergence autour de l’adolescence de deux problématiques relevant de…