Désordre
Éditorial

Désordre

L’exposition actuelle du Quai Branly « Les Maîtres du désordre » suscite un recul passionnant sur ce que peut signifier nos positions fondées sur le désenchantement si ce n’est la souffrance de ceux qui s’adressent à nous pour découvrir de nouvelles formes d’existence. Serions-nous quotidiennement dans nos pratiques et dans la dynamique du processus que nous tentons de mettre en place, des « Maîtres du désordre » ?

Serions-nous quotidiennement les réalisateurs d’une « comédie à l’italienne » confrontée à un autre, tel Arlequin, vêtu d’un habit formé de parties disparates, éternel farceur, y compris vis-à-vis de lui-même, qui n’est jamais à la place qu’on lui indique et qui en souffre ? Ne sommes-nous pas des intercesseurs qui nous mettons au centre de la relation entre l’humain et le désordre. Mais comment y trouver notre place fondée sur nos statuts sociaux et nos connaissances ? En un mot ne sommes-nous pas des « Maîtres du désordre » cherchant à chaque rencontre un équilibre entre l’ordre, le désordre, désordre vécu comme un moment d’infécondité à cause de la turbulence excessive de certaines situations, et l’ordre, qui, en son excès, est à son tour une frigidité vécue comme stérilisante. Nous devons parfois amener une turbulence « suffisamment juste » quand l’ordre est excessif et la paix quand le désordre est  excessif.        Certains sont confrontés à une fascination « hypnotique » pour le chaos, d’autres soumis à la grande mécanique de l’ordre. Depuis le début de l’humanité, la lutte constante que se livrent dieux et démons, le mal et le bien, la joie et le désespoir, la vie et la mort pourraient nous amener à nous sentir fiers d’être dans la lignée des « intercesseurs » mais nous rendre aussi formidablement modestes.