Il y a un siècle, Freud découvrit que quand certains hommes s’attachaient compulsivement à des femmes de petite vertu, c’était leur mère qu’ils recherchaient inconsciemment. Ce lien entre les images de la maman et de la prostituée est décrit pour la première fois en 1910 dans Un type particulier de choix d’objet chez l’homme. Certains hommes ne peuvent aimer que des femmes de mauvaise vie, mariées ou vivant avec un autre homme, qu’ils idéalisent et qu’ils veulent sauver par leur amour (Freud, 1910, pp. 48-53). Freud traite le même sujet, mais sous un angle différent, en 1912, dans Sur le plus général des rabaissements de la vie amoureuse, à propos de l’impuissance. Certains sujets, impuissants avec les femmes dont ils sont amoureux, ne le sont pas avec des femmes « rabaissées » psychiquement, les seules qu’ils puissent désirer (Freud, 1912, p.59). En 1912, Freud croyait que le rabaissement de l’objet sexuel s’observait moins chez la femme, parce que son éducation la tenait de toute façon à l’écart de la sexualité, qu’elle n’avait donc pas tendance à surestimer (Freud, 1912, p.62). Proust, vers la même époque, est peut-être plus près de la réalité que Freud quand il fait dire à Mme Leroi : « L’amour, je le fais souvent, mais je n’en parle jamais » (Proust, 1919, p.195). Dès 1912, la société était en train de changer rapidement, et de nos jours, le rabaissement de l’objet comme condition de la vie amoureuse et sexuelle s’observe chez beaucoup de femmes, comme Athénaïs. Athénaïs a, au cours de son analyse, une série d’aventures avec des hommes qu’elle choisit inférieurs à elle, intellectuellement et sur le plan artistique. Inévitablement déçue, elle rompt avec eux, et commence une nouvelle liaison amoureuse, satisfaisante sexuellement, mais décevante par rapport à son image idéale d’homme, qui reste solidement représentée par…
Dossier
Discussion de l’intervention de C. Chabert
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