Existe-t-il une psychologie de la mort ?
La psychologie de la mort ne se réduit pas à la psychologie des mourants, car elle reposerait sur peu de choses généralisables, elle n’étudie pas l’expérience de la mort car elle ne pourrait ni la décrire ni l’analyser. Il n’y a pas d’expérience de la mort, si ce n’est de celle d’autrui. La psychologie de la mort ne peut pourtant pas non plus se résumer à la psychologie du deuil. La psychologie de la mort étudie les fantasmes individuels de mort, ceux dans lesquels, une personne à qui l’annonce d’une maladie grave a été faite brutalement, va plonger, un condamné à mort va errer, un enfant qui a peur du noir va tenter de maîtriser… De là découleront les attitudes face à la mort. Ces attitudes varient aussi en fonction des cultures et des croyances, elles influencent toute une psychopathologie retrouvée dans les délires mélancoliques, les provocations suicidaires, les pulsions meurtrières… La psychologie de la mort croise donc aussi les représentations collectives de la mort, les eschatologies élaborées par toutes les civilisations tentant tour à tour d’assagir, de menacer, de prévoir… Mais ces morts plurielles, planétaires ou cosmiques de jadis semblent s’étioler face à une mort post-moderne biologique, rationnelle, sans épaisseur fantasmatique… La mort a longtemps appartenu au domaine des forces occultes. Mais cette projection, à l’extérieur, de la peur qui assaillait l’homme ancestral, est-elle à l’origine du développement extraordinaire de sa pensée ? La mort n’est pas que blocage et sidération, elle est au contraire la source de l’imaginaire.