Cette rencontre entre psychiatres, psychanalystes et psychologues français et israéliens francophones a eu lieu du 31 octobre au 4 novembre 2024 en Israël, dans le cadre de la xviie Conférence de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de langue française en Israël (COPELFI) intitulée : « Corps en temps de guerre : entre corps défendant et corps défendu » ; ces rencontres existent depuis plus de 30 ans en Israël. Les organisateurs avaient décidé que seuls les psys israéliens écriraient l’argument et feraient des communications orales et que la vingtaine de psys français, dont je faisais partie, devait rester dans une écoute tierce. Cette expérience fut émotionnellement très dense.
Introduction
Les attentats du Hamas perpétrés le 7 octobre 2023 ont été, et sont encore, une déchirure, une rupture, une fracture individuelle et collective. Un collègue israélien cite Nietzsche (1886) et déclare que ce n’est pas un trou mais une béance, un abîme qui, à force de le regarder, c’est l’abîme qui finit par vous regarder. Dans leurs recherches, les collègues israéliens essaient de nommer le ou les traumas, sans jamais y parvenir tout à fait : trauma aigu, trauma chronique, trauma élastique, trauma cumulatif – décrit par Masud Kahn (1976) et retravaillé par Rachel Rosenblum (2019) –, trauma complexe, trauma vicariant ou trauma des impliqués, comme on le nomme en victimologie. Le traumatisme possède de multiples caisses de résonance, avec des cercles concentriques de propagation de la terreur, notamment vers les thérapeutes pour lesquels il est impossible de se soustraire à ce corps à corps. Le 7 octobre, il y a eu une volonté délibérée, pensée et réfléchie de créer des traumas psychiques multiples. Et cela continue : le retour des quelques otages pendant une trêve, au compte-gouttes, orchestré et théâtralisé par les terroristes du…
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