Entretien avec Roland Gori
Entretien

Entretien avec Roland Gori

Psychanalyste, membre d’Espace analytique1, professeur honoraire de psychopathologie clinique à l’Université d’Aix-Marseille, Roland Gori2 livre dans cet entretien intime les éléments biographiques et conceptuels qui accompagnent son travail d’analyste et revient sur certaines questions clés de l’expérience analytique et de ses perspectives anthropologiques et cliniques.

Comment s’est construit votre désir d’analyste ? Comment et par qui a t-il été influencé, nourri ou même ponctuellement remis en question si cela a été le cas ?

A devoir répondre à votre question il me vient subitement une drôle d’idée à laquelle jusque-là je n’avais pas pris le soin de penser. Si nous voulons bien considérer, après Freud, que nos choix sont déterminés par les énigmes de l’enfance, qu’en est-il pour moi de ce désir d’analyste ? Je crois que le désir d’analyse, la différence est de taille, provient chez moi de ma position de fils unique et adoré par ses parents, parents méritants que la vie n’avait pas épargné, et qui se demande ce qu’ils veulent, à quoi pensent-ils, que veut dire ce qu’ils me racontent au-delà de la signification immédiate des mots. C’est, sans nul doute, ce qui m’a conduit à cette passion pour le langage et la parole qui ne m’a jamais quittée, toute ma vie durant. Il est sans doute surdéterminé par les langages hybrides dans lesquels baignait mon enfance : un discours pur, châtié, rationnel de mon autodidacte de père, un langage passionnel de ma mère nourri de culture napolitaine, un langage de conteur de ma grand-mère italo-provençale, une myriade de sonorités marseillaises, provençales, italiennes, argotiques… comme cela était fréquemment le cas dans ce quartier populaire qui était le mien. Du coup, lorsque j’ai découvert le discours du savoir, je me suis engouffré dans le langage de…

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