« Ferenczi est un ovni… » 
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« Ferenczi est un ovni… » 

Carnet Psy : D’où provient votre intérêt pour Sándor Ferenczi ? Quelle place occupe-t-il dans votre réflexion clinique et plus particulièrement dans votre réflexion sur le handicap ? 

Ferenczi est très actuel en ce qui concerne la reconnaissance du traumatisme. C’est lui qui a expliqué les conséquences désastreuses du désaveu du traumatisme, Verleugnung, ce qui arrive lorsque l’on dit par exemple à un sujet traumatisé : « ce n’est pas si grave ». Ferenczi écrit que « le comportement des adultes à l'égard de l'enfant qui subit le traumatisme fait partie du mode d'action psychique du traumatisme. Ceux-ci font généralement preuve d'incompréhension apparente à un très haut degré. (…) Ou bien les adultes réagissent par un silence de mort qui rend l'enfant aussi ignorant qu'il lui est demandé d'être »1. Pour Ferenczi, le désaveu du traumatisme est presque pire que le traumatisme lui-même. Quand les gens ont affaire à des thérapeutes qui leur disent : « oui, c’est peut-être votre fantasme », c’est un renouvellement du traumatisme.

Et puis, il y a aussi un autre aspect de son œuvre qui m’a intéressée, c’est l’identification à l’agresseur. Il développe ce concept dans la Confusion de langue. Il s'agit de la culpabilité de la victime ou de l’enfant qui n’ose pas dire ce qui lui est arrivé, et qui se dit : « peut-être que j’y suis pour quelque chose ». Surtout que l’autre, l’agresseur, lui dit : « tu n’en parleras pas ». Dans les cas de traumatismes liés à l’inceste, autour du sexuel, Ferenczi est indépassable. Il est toujours d’une grande actualité. 

Enfin, en plus du désaveu, il aborde la notion de clivage auto-narcissique. Selon lui, la personne qui a été blessée, agressée, se scinde en deux. Il y a une partie d’elle qui continue de…

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5 articles
Ferenczi, hors des sentiers battus