C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Gérard Szwec, survenu le 13 mars 2021 à Paris, à peine plus de deux mois après que la Société Psychanalytique a consacré une soirée-débat à la présentation et la discussion de son dernier livre Au bout du rouleau. Nous le savions malade, mais l’annonce de sa disparition a saisi tous les collègues, tant il nous a paru anormal qu’il en soit ainsi.
Psychiatre et pédopsychiatre (il avait dirigé un CMPP à Trappes), il était avant tout un psychanalyste, membre et formateur de la Société Psychanalytique de Paris. Il a été directeur médical du Centre de psychosomatique de l’enfant Léon Kreisler, président de l’Institut de Psychosomatique Pierre Marty. Il a co-fondé la Revue Française de psychosomatique qu’il a dirigée de 1991 à 2010. Il a publié de nombreux articles, et d’importants ouvrages, notamment aux PUF : La Psychosomatique de l’enfant asthmatique en 1993, Les Galériens volontaires en 2014, La Psychosomatique en 2017 et Au bout du rouleau en 2021.
Il avait reçu, en 1996, le 34ème Prix Maurice Bouvet, qui est l’une des plus belles récompenses de la psychanalyse française. Ses travaux se sont principalement centrés sur deux thèmes majeurs : dans le cadre de la psychosomatique psychanalytique, dans la lignée de Pierre Marty et des autres précurseurs, comme M. de M’Uzan, M. Fain, il s’est plus spécialement orienté vers l’enfant, suivant les premiers travaux, en particulier de L. Kreisler. Il évoquait pour parler des thérapies menées dans le département de l’IPSO « enfant » une « pratique psychanalytique avec des enfants ayant des désordres somatiques » 1, ce qui témoigne d’une approche ouverte, mettant en question la question de la structure chez l’enfant, et refusant toute représentation simpliste. Le deuxième thème concerne l’étude approfondie des « procédés auto-calmants », concept sur lequel il a travaillé tout au long de sa vie. Il a ainsi décrit, en particulier dans Les galériens volontaires, un type d’activité motrice répétée jusqu’à épuisement, seul moyen pour certains patients de décharger une excitation insupportable qui ne parvient pas à s’organiser en pulsions. Ce concept fait dorénavant partie des outils théoriques majeurs de notre pratique quotidienne de psychanalystes.
G. Szwec était un collègue très estimé pour ses qualités humaines, son engagement, sa capacité de travail, son intelligence et son humour. Il nous manquera.
Clarisse Baruch
Présidente de la Société Psychanalytique de Paris (SPP)
1. Szwec, G. (2012) – La psychosomatique de l'enfant aujourd'hui, in L'enfant malade, Revue Française de psychosomatique, n°41, pp.5-9.