Cet article est une version remaniée d’un chapitre de l’ouvrage : Benyamin, M., 2023. La Dépression : du mal-être à la vie, Paris, In Press.
Le suicide est une conduite spécifiquement humaine, elle trouve son apogée dans la mélancolie où la seule issue à cette douleur morale insoutenable se traduit par un refus de vivre et un désir profond de mourir. Les enjeux sont psychologiques, mais la vulnérabilité biologique ne peut être niée. La conduite suicidaire, transnosographique, peut se retrouver dans toutes les pathologies psychiatriques.
Du point de vue de la psychopathologie, on peut comprendre la tentative de suicide (TS) comme une manière de se libérer, de se défaire de l’emprise de l’objet interne, vécue comme phagocytant et aliénant. Le sujet se vit comme nul, incapable, décevant, non seulement aux yeux des autres et de son entourage, mais aussi et surtout aux yeux de ses objets internes qu’il est persuadé d’avoir trahis, ou s’il se sent très sévèrement jugé par eux.
La seule solution, pour lui, à ce moment-là, est de se dérober à leur regard, persécutant, et d’en finir avec la vie. Les défenses psychiques ne fonctionnent plus, le sujet ne peut plus se penser dans une filiation transgénérationnelle, le Moi est à nu, et la conduite suicidaire vient comme un apogée de l’échec du travail psychique et une désintrication pulsionnelle. Les pulsions de vies échouent à la liaison avec la pulsion de mort qui évolue pour son propre compte.
Certains auteurs, comme François Ladame (1981), considèrent le suicide à l’adolescence comme un moment psychotique pour les raisons évoquées. Dans une perspective transgénérationnelle, d'autres auteurs (Guillaumin, 2001) évoquent le suicide chez l’enfant et l’adolescent comme…