Reconnaître sa mère, reconnaître son père, distinguer l’un de l’autre, voilà – sans nul doute – l’un des grands chantiers développementaux de l’enfant.
Ceci pose à l’évidence la question du masculin et du féminin, question que l’enfant se doit d’élaborer en tant que sujet appartenant lui-même à l’un ou l’autre sexe, mais aussi au niveau de ses objets relationnels qui sont hommes ou qui sont femmes.
Il ne saurait donc y avoir de père ou de mère sans repérage préalable de la différence des sexes. Mais ceci ne suffit pas. Encore faut-il que l’enfant accède à l’appréhension du dosage du masculin et du féminin propre à chaque sexe et, plus encore, à la question de savoir si le masculin de l’homme et le masculin de la femme sont qualitativement identiques ou non, la même question se posant bien entendu quant au féminin de la femme et au féminin de l’homme.
Tout ceci n’est pas simple, on en conviendra aisément … La seule chose qui est sûre, c’est que notre espèce se compose de deux groupes d’individus, des hommes et des femmes, ce qui renvoie à la notion d’identité sexuée, tandis que l’identité sexuelle serait liée à la question du choix d’objet sexuel (choix homo ou hétérosexuel).
A partir de là, à tel ou tel moment de son histoire et de son évolution politique, chaque société ou organisation socio-culturelle accorde des statuts différents au groupe des hommes et au groupe des femmes, ce qui renvoie au concept de genre dont la théorie est loin d’être achevée, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire !
Peut-on changer de sexe ? Peut-on changer de choix d’objet ? Peut-on changer de genre ? Il y a des choix qui ne sont pas plus libres que les associations de pensée du même nom.
Penser que ces choix dépendent de facteurs externes socio-culturels n’est certes pas faux, mais penser qu’ils ne dépendent que de ces facteurs externes, a sans doute valeur de défense contre l’existence même de l’inconscient qui nous dicte ses lois en nous appelant toujours à la plus grande modestie.