Introduction
article

Introduction

“Et si on jouait une scène dans laquelle…. ?” S’inaugure ainsi la construction d’un bref scénario entre le meneur de jeu et le patient. Les rôles distribués, commence le jeu avec les cothérapeutes : nous sommes au psychodrame.

Carnet Psy a proposé à Gérard Bayle de coordonner ce numéro spécial sur le psychodrame psychanalytique. Celui-ci a associé à ce travail l’Association Figures psychodramatiques qu’il préside. Au fil des articles vous découvrirez que ce genre de psychodrame psychanalytique, historiquement à la française, se décline dans différentes versions, y compris hors de l’Hexagone.

Car les psychanalystes ont eux-mêmes joué avec le psychodrame :

  • en l’utilisant à des fins tant thérapeutiques que de formation personnelle, de supervision : “et si les enfants, les ados, comme les adultes pouvaient en bénéficier ?”
  • en faisant varier ses cadres : “et s’il était individuel, en groupe, de groupe, ou… ?”, l’important étant que le cadre en soit précisé et tenu, et que son ressort reste le lien transfero-contretransférentiel compris et interprété par le jeu des cothérapeutes et par le meneur de jeu. Il ne s’agira en effet dans ce numéro que de psychodrame psychanalytique.

Le développement de cette technique doit sans doute beaucoup à son adéquation au traitement de patients rencontrés de plus en plus fréquemment : en manque de repré-sentations pour penser, fortement inhibés ou pris dans des agirs compulsifs, ou présentant des parties clivées, des traumatismes précoces ; patients en mal de symbolisation, d’individuation. Le psychodrame psychanalytique, par les figurations qu’il propose, la mise en jeu du corps, la malléabilité du groupe, par la prise en compte des perceptions et des sensations, peut leur permettre une remise en lien des représentations de mots et des représentations de choses, une reprise du processus de symbolisation, une réappropriation des parties clivées.

Outre cette visée thérapeutique, le recours au psychodrame peut s’utiliser dans différents contextes, pour sensibiliser aux phénomènes groupaux, pour favoriser la prise de conscience de facteurs personnels chez des thérapeutes en difficulté. Quelques exemples en sont donnés ici.

Comme toute psychothérapie, le psychodrame psychanalytique demande une formation spécifique et un travail de réflexion théoricoclinique, objet de nombreuses publications, colloques. Certains articles en reflètent la rigueur et la variété. Quelques thèmes sont plus largement développés sur le site internet de la revue, consultez-le.

Leur intérêt pour le psychodrame psychanalytique a conduit des praticiens à fonder il y a trois ans une association, Figures Psychodramatiques**, visant tout autant à faire connaître la souplesse, la richesse heuristique de cet instrument dans différents contextes, qu’à en garantir la pratique par des thérapeutes dûment formés. Sélectionner ses membres suivant des critères précis, réunir leurs coordonnées dans un annuaire largement diffusé, organiser des groupes de travail sur un thème annuel et en exposer les recherches, participent de ces objectifs.

Puisse ce numéro y contribuer aussi !!

Notes

  1. [**] Figures Psychodramatiques, 100 Bd de l’Hopital 75013 Paris