La boîte à outils bionienne
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La boîte à outils bionienne

Auteur réputé difficile d’accès, Bion nous a légué un ensemble de concepts opaques à première vue, mais fort utiles pour l’élaboration du travail clinique. En fait, la difficulté que l’on peut rencontrer à sa lecture est la même que celle que nous éprouvons face à tout penseur qui s’aventure au-delà des copier-coller de la doxa. Leur pensée est alors complexe, certes, mais surtout, elle ne cesse de varier, d’être retravaillée, de se questionner et de se réarticuler. En ce sens, la difficulté avec la pensée de Bion, c’est qu’elle nous oblige tout simplement à penser avec lui, et, plus encore, à penser (avec) nos propres pensées. 

Voici, pour exemplifier sa théorie, trois concepts majeurs forgés par Bion :

Capacité négative / Negative Capability

Devenue la tarte à la crème du bionisme et servie à toutes les sauces, probablement à cause de sa charge évocatrice et poétique – le terme provient du poète anglais John Keats –, la capacité négative reste toutefois un concept technique et épistémique majeur chez Bion. Bien qu’il désigne un état d’esprit universellement souhaitable, il régente en premier lieu la conduite de l’analyste, au sens où il souligne la nécessité pour celui-ci d’endurer une certaine ignorance en séance et de tolérer le fait de ne pas savoir : ne pas catégoriser le patient ; ne pas lancer des interprétations précoces pour contrer sa propre angoisse ; éviter les rationalisations défensives et ne pas théoriser par devers soi en laminant les tourbillons affectifs qui remuent la séance, etc. C’est à cette condition que, selon Bion, l’on peut être à même de capter quelque chose de vrai de la relation transférentielle/contre-transférentielle qui organise et informe le couple analytique. En effet, pour…

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8 articles
Bion. La pensée au travail