La désillusion de l’enfant modèle
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La désillusion de l’enfant modèle

En partant de sa Conférence d’introduction à la psychanalyse pour la Société psychanalytique de Paris, Claire-Marine François-Poncet, interviewée par Marie Postel-Vinay, présente l’enfant modèle et ses désillusions.

Avant d’entrer dans le vif du sujet de « la désillusion de l’enfant modèle », j’aimerais vous interroger sur la notion même d’enfant modèle. A-t-elle évolué au cours des siècles ? De quelle façon pourrions-nous penser cet enfant modèle à l’époque actuelle ?

Je vais vous présenter une première vignette clinique qui date du xixe siècle : le portrait d’Édouard et de Marie-Louise Pailleron.

Marie-Louise est une toute jeune fille de 5 ans. Son père a demandé à un célèbre peintre (John Singer Sargent, 1881) de réaliser le portrait de sa fille (au xixe siècle, le portrait est un rituel social). L’immobilisme des séances de pose est vécu par Marie-Louise comme un supplice. Quatre ans plus tard, à l’âge de 9 ans, Marie-Louise pose de nouveau. Elle se déclarera « en état de guerre » contre celui-ci. Le génie de Sargent saisira le regard dominant de la petite fille, modèle devant son frère.

Ce portrait est effectivement très parlant. Nous pouvons percevoir chez cette petite Marie-Louise tous ses mouvements de colère, d’ambivalence et de reproche. Elle finit par se contraindre à poser tout en restant extrêmement présente et active. Il y a un contraste avec son frère plus en retrait, moins présent, moins vivant. Comment parvient-elle à supporter cette contrainte ? Est-ce via une forme de sublimation ?

Effectivement, elle semble bondir en dehors de la toile pour devenir active. D’ailleurs, cette volonté de devenir sujet actif de la pose par sa capacité de jouer son rôle est présentée dans un…

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