La « fonction alpha », pour quoi faire ?
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La « fonction alpha », pour quoi faire ?

C’est toujours un grand plaisir, mais aussi une vraie difficulté de rendre compte de « l’œuvre provocante de Bion », selon l’expression de Joyce McDougall¹.

N’y a-t-il pas en effet une forme d’audace provocatrice chez Wilfred R. Bion quand il fait le choix de nommer « fonction alpha » — avec une terminologie quasi mathématique —, cette chaleureuse fonction maternelle que son collègue Donald W. Winnicott avait simplement qualifiée de « holding », ce qui aurait pu suffire à l’affaire ?

Beaucoup se sont posé la question, et d’abord son élève et ami, Donald Meltzer, qui lui demanda non sans humour si ce nouveau concept n’avait pas pour but « de mettre en ordre de manière plus esthétique (plus belle ?) des phénomènes cliniques déjà observés² ». Wilfred Bion, pas du tout fâché par cette impertinence, lui répondit par une métaphore, celle du tailleur de diamant « qui taille la pierre de sorte qu’un rayon de lumière qui entre dans la pierre soit réfléchi en retour par la même voie de telle manière que la lumière en soit augmentée. » Belle image de l’aller-retour entre une mère et son bébé, ou un analyste et son patient, qui fait surgir une lumière plus intense en retour de l’échange — « par la même voie ». Ce que Winnicott appelle la fonction maternelle s’en trouve ainsi autrement éclairé et devient un beau paysage psychique à explorer. Thomas Ogden insiste sur le fait que déjà Winnicott, avant Bion, estime que dans certaines situations « le premier type de holding, physique et émotionnel, a laissé place à un holding métaphorique³ ».

Quoi qu’il en soit, tenter de parler de la « fonction alpha », dont Bion fait état dès ses premiers écrits, c’est déjà relever un défi puisqu’il la présente lui-même…

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Bion. La pensée au travail