Rubrique coordonnée par Marie Dessons et Dominique Mazéas
La mort ouverte - Philippe Forest, Éditions Gallimard, 2025
Sylvie Le Poulichet

Le titre du roman de Philippe Forest, paru aux Éditions Gallimard en 2025, nous livre l’un des motifs essentiels de sa composition : Et Personne ne sait. Le narrateur y déploie l’histoire d’un peintre paysagiste dont personne ne veut les tableaux, jusqu’à ce qu’une rencontre vienne habiter sa peinture : rencontre d’une petite fille souhaitant qu’il fasse son portrait, bien qu’elle apparaisse et disparaisse mystérieusement. Elle permet au peintre – mais aussi au narrateur et aux lecteurs – d’entrer « dans un autre monde qui n’appartient ni à la réalité ni au rêve ». C’est dans cet entre-deux que le roman se tisse. Il nous faut rappeler que Philippe Forest n’a cessé d’écrire à la suite de la mort de sa petite fille atteinte d’un cancer foudroyant lorsqu’elle avait quatre ans. Dans ce roman, qui n’est plus frontalement autobiographique, l’écriture de l’auteur semble composer « le portrait de l’absence de Jennie ». C’est aussi par des « reprises », dans tous les sens du terme, que se structure le roman : l’histoire a déjà été racontée par un autre romancier, dont un film a été tiré. Le nouvel auteur, doublé d’un narrateur, reprend sans cesse ce qu’il affirme pour le faire vaciller dans l’incertitude. Chaque élément peut se renverser en son contraire, de même qu’il a le pouvoir de se situer à la fois dans le présent, le futur ou le passé. Pour autant, la vérité ne s’y trouve aucunement sacrifiée : au contraire, il semble que l’incertitude et…
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