La psychiatrie et les adolescents
Éditorial

La psychiatrie et les adolescents

L’accueil des adolescents présentant des problèmes psychopathologiques mérite l’attention des psychiatres, des professionnels de la santé et, en fait, du corps social dans son ensemble. De nos jours, cet accueil existe; au cours de ces dernières années, des équipes expérimentées ont même tenté d’appréhender plus spécifiquement ce problème. Cependant, ces expériences apparaissent nettement insuffisantes face à certaines questions de santé publique sur lesquelles des enquêtes épidémiologiques françaises ou étrangères ont récemment attiré l’attention. Nous pensons ici tout particulièrement au risque vital mis en jeu par le nombre impressionnant de tentatives de suicide des jeunes, au risque de désocialisation que contient l’utilisation abusive de produits psychotropes, sans parler de façon élargie des entraves aux développements de la personnalité que comportent l’ensemble de ces conduites mais aussi de troubles moins bruyants mais tout autant préoccupants pour l’avenir des sujets, risque que l’on rencontre dans un certain nombre d’effondrements scolaires ou de conduites boulimiques ou anorexiques. Tous ces aspects constituent de nos jours des interrogations préoccupantes dans le champ de la santé mentale. Comment y répondre ?

Nous pourrions, comme cela a souvent été le cas par certains membres du corps social mais aussi du corps médical, soit les banaliser et considérer à tort, compte tenu de l’âge auquel ils surgissent, qu’ils sont passagers; soit penser qu’ils ne relèvent pas du champ psychiatrique et y répondre sur le mode social ou sur un mode médical réducteur au seul aspect somatique ou superficiellement psychologique.
Plus qu’aux autres âges de la vie, les troubles psychopathologiques de l’adolescence ne peuvent être dans leur déterminisme et dans les réponses à leur apporter, isolés, ni des approches somatiques et corporelles, ni des approches sociales.
Devons-nous pour autant laisser reléguer à nouveau la psychopathologie au rang d’une science annexe, et pour certains même, tout autant inutile que nuisible ? Non.