« Notre priorité fut, est et restera toujours la suivante : l’éducation, l’éducation, l’éducation ». Passée à la postérité, la formule de Tony Blair trouverait-elle à s’appliquer à la psychothérapie psychanalytique ? Et si la psychanalyse se définissait, elle aussi, comme une forme singulière d’éducation ? Dès lors que nous travaillons avec l’infantile dans l’adulte, et parfois avec l’enfant lui-même, la question est légitime, malgré ses accents moralisateurs : au fond, éduquons-nous nos patients ?
Rapprocher psychanalyse et éducation n’a rien d’évident. Sous l’influence de la Bildung du XIXe siècle, la majorité des psychanalystes de l’époque de Freud se faisait une idée éducative de la thérapeutique analytique. Des divergences sont apparues à partir des années 1950, qui se sont accentuées avec le tournant des années 1968. L’éducation est devenue le nom d’une forme de domination, d’une scolastique, voire d’une orthopédie, tandis que l’analyse était tournée du côté de la libération des carcans familiaux et éducatifs. J’appartiens à une génération qui admet (volontiers) la richesse et l’efficacité de la psychanalyse mais qui est sans doute moins convaincue par la mission éducative que Freud lui assignait.
Nos deux prochains dossiers entendent relancer la délicate question des liens entre psychanalyse et éducation. Le premier d’entre eux est entre vos mains. Coordonné par Arnaud Dubois et de Claudine Blanchard-Laville, il explore les apports de la psychanalyse aux sciences de l’éducation, et vice versa. Le second dossier, à paraître en mai 2023, trouve ses origines dans un remarquable ouvrage de J. Ludin et M. Gribinski, La Technique analytique (PUF, 2022), qui s'interroge sur le sens à donner à cette éducation psychanalytique d’un genre inédit. Le dossier répondra à maintes questions sur la technique analytique, le devinement, le contre-transfert et la technique dans la thérapie de l’enfant, en gardant…
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy
