Dans cet entretien Vassilis Kapsambelis présente son parcours et sa vision de la place de la psychanalyse dans la psychiatrie actuelle. Propos recueillis pas Éric Corbobesse et Anne-André Reille.
Parcours
Pourriez-vous nous dire quelques mots de votre parcours médical débuté en Grèce puis en France ? Psychiatrie : vocation ou découverte ?
J’ai fait mes études de médecine à Athènes. J’étais intéressé par tout ce qui était cerveau, et pendant mes études j’ai travaillé dans un laboratoire de neurochimie de la faculté. Je suis parti aux États-Unis avant la fin de mes études de médecine, et j’ai fait un stage dans le National Institute of Mental Health, dans un laboratoire qui faisait de la cartographie des fonctions cérébrales de base : ouïe, vision, etc. Mais à la même époque à peu près — j’avais 21/22 ans — des amis m’ont mis en contact avec un psychiatre et psychanalyste, Takis Sakellaropoulos, qui était rentré de France et qui était très intéressé par les psychoses.
Il avait créé un système privé d’hospitalisation à domicile, dont j’ai fait partie. Lorsqu'un patient schizophrène faisait une poussée évolutive pour laquelle la famille le contactait afin d’éviter une hospitalisation, il installait alors une équipe de trois soignants, dont chacun faisait huit heures. Sakellaropoulos s’entendait avec la famille pour qu’il y ait un lit de camp dans la chambre du patient destiné au soignant présent. Le patient était souvent jeune, il habitait encore avec sa famille, c’est fréquent en Grèce de rester avec la famille jusqu’à 23, 24 ou 25 ans. Sakellaropoulos demandait à la famille de ne pas trop intervenir et de rester dans une autre partie de l’appartement. On faisait par conséquent littéralement les…