Wilfred R. Bion n’a jamais été un théoricien de la supervision. Ce que nous connaissons de sa pratique de superviseur provient du méticuleux travail effectué par quelques analystes nord et sud-américains qui, au début des années 2000, ont retrouvé des enregistrements de supervisions de groupe et de « séminaires cliniques » qu’il anima à Los Angeles en avril 1967¹. Sans doute cette première visite fut-elle d’ailleurs suffisamment convaincante pour que Bion prenne, l’année suivante, la décision de vivre, de pratiquer et d’enseigner la psychanalyse en Californie. À cela s’ajoutent les Séminaires cliniques qu’en 1975 Bion donna au Brésil jusqu’en 1978, ainsi que les « voyages d’études » qu’il effectua en France, en Angleterre et en Italie.
C’est dire qu’entre le début de sa carrière en Angleterre à l’âge de 35 ans et son départ pour les États-Unis à 71 ans on ne trouve aucun témoignage publié qui rende compte de son activité de superviseur !
Ancien analysant de Melanie Klein, Wilfred R. Bion a toujours ouvertement affiché les filiations freudienne et kleinienne dans lesquelles il a choisi de s’inscrire, car, à n’en pas douter, Bion avait su rapidement comprendre que c’est sur le terreau d’un classicisme bien intégré qu’on peut produire un certain nombre d’innovations que l’on considère comme indispensables. C’est pourquoi il a toujours été un ardent défenseur d’une formation analytique des plus strictes et classiques… ne serait-ce que pour inciter chaque analyste à se défaire de sa formation. Il faut savoir de quoi on se défait !
La supervision est l’expérience qui consiste à débusquer « les sentiments inconscients² » qui risquent d’entraver la libre-pensée de l’analyste. Ainsi comprend-on l’importance, pour l’analyste supervisé, d’« analyser son contre-transfert » dans sa propre analyse. Débattre de ce que dit un…
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