L’âge d’or de la peinture anglaise. De Reynolds à Turner
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L’âge d’or de la peinture anglaise. De Reynolds à Turner

L’âge d’or de la peinture anglaise. De Reynolds à Turner, Musée du Luxembourg, Paris, Jusqu’au 16 février 2020

Ah ! ces Anglais ! Ils nous agacent avec le Brexit, mais ils nous enchantent avec les peintures que la Tate Britain de Londres a prêtées au Musée du Luxembourg. Il s’agit d’un ensemble couvrant la période de 1760 jusqu’à 1820, qui est considérée comme l’âge d’or de la peinture anglaise. Cette Angleterre géorgienne, qui se développe avec la révolution industrielle et le puissant empire commercial britannique, va marquer un tournant pour l’art anglais.

La fondation de la Royal Academy of Arts en 1768, a pour but de former de vrais professionnels de la peinture, qui connaissent les grandes traditions européennes et s’en inspirent, tout en cherchant une identité nationale. Elle ouvrira la voie à de nouveaux artistes et courants, tels que Turner ou Henri Fuseli, précurseurs de l’impressionnisme et du surréalisme.

Cette période est marquée par la présence et la rivalité entre les deux plus grands peintres anglais des années 1760, Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough. Et c’est un ensemble exceptionnel de portraits magnifiques qui accueille le visiteur dans les premières salles. On est pris par le charme de ces dames anglaises, aux jolies robes, posant dans une ambiance très bucolique, de ces messieurs qui ont tantôt l’air grave d’hommes importants, tantôt une expression tendre et humaine, dans les portraits de famille.

Le portrait est une manière d’affirmer l’identité d’une personne et son statut social, mais l’exposition indique aussi les autres préoccupations de la société anglaise de cette époque : le sentiment de la nature, l’attachement à la famille avec quelques très belles scènes familiales et surtout de merveilleux portraits d’enfants.

Le plus beau de l’exposition, c’est le portrait de Lady Bate-Dudley, vêtue d’une extraordinaire robe bleue, que Gainsborough a peint avec cette virtuosité à rendre les chatoiements des étoffes pour laquelle il était connu. Plongée dans ses pensées, elle se tient dans un paysage, qui occupe une place importante, car Gainsborough disait que peindre des portraits était une corvée et qu’il préférait les paysages. En ce sens, il fait la transition entre les deux grands thèmes de la peinture de cette époque, le portrait puis le paysage.

Si la partie de l’exposition consacrée au portait permet au visiteur parisien de voir ou revoir des chefs-d’œuvre de la Tate Britain, les salles suivantes sont plus décevantes. Constable, qui est un grand paysagiste, est représenté par quelques tableaux. On trouve une seule aquarelle de ces ciels et ces nuages qu’il a étudiés et représentés avec tant de passion.

L’Angleterre ne serait pas l’Angleterre s’il n’y avait pas des références à Shakespeare et Milton, que l’on retrouve dans la troisième section de l’exposition qui présente des artiste visionnaires, dont Fuseli et William Blake, ainsi que Turner, qui est sous-représenté. Et de plus, les quelques tableaux exposés de Turner ne sont pas représentatifs de cette œuvre si étonnamment innovante.

On pourrait dire que l’intitulé de l’exposition, De Reynolds à Turner, est assez trompeur, car celui qui croyait voir ici un ensemble un peu conséquent de Turner devra s’acheter un billet sur l’Eurostar et se rendre à la Tate Britain de Londres.