La grande vague qu’on annonce en psychiatrie, sera plutôt une lame de fond.
Nombreuses sont les alertes rapportées dans les journaux sur l’augmentation des passages aux urgences pour tentative de suicide chez les adolescents. Depuis début janvier, 2/3 des 18/25 ans présentent des troubles anxieux ou dépressifs d’après IPSO et la fondation FondaMental1. Pourtant, il n’est pas évident de savoir à quel point il y a augmentation, puisqu’en 2005 on dénombrait 80 % de jeunes anxiodepressifs, au même âge2. C’est la limite de la compassion médiatique, elle ne braque pas forcément les projecteurs sur les véritables phénomènes.
Toutefois, il est certain que la population étudiante a particulièrement été impactée par les mesures de restriction imposées, sur un fond de défaut d’accès aux soins déjà ancien. D’ailleurs, FondaMental, ayant misé sur la part bio-médicale, voire génétique de l’expression des maladies mentales reconnaît le manque de connaissances pour faire de la prévention, elle néglige, en effet, leur dimension psycho-sociale. Pourtant, déjà en 1897 Emile Durkheim avait montré ce que le suicide devait à l’anomie : soit comment le défaut d’intégration dans une société marquée par l’affaiblissement des règles de conduite, surtout induit par la contradiction entre normes, favorisait les passages à l’acte suicidaire.
Aujourd’hui la précarisation, l’isolement social, la maltraitance (+50% pendant le 1er confinement3) qui sont des facteurs de troubles psychiques connus chez les jeunes4, en venant s’ajouter à l’anomie, font le lit de l’augmentation des troubles observés. Toutefois, on ne s’attendait pas à voir l’anorexie mentale figurer sur cette liste, puisqu’il est reconnu qu’elle concerne davantage des catégories sociales supérieures, que l’anxiété de performance scolaire et les angoisses de séparation font habituellement partie du cortège des symptômes, or, les adolescentes économiquement abritées, à…