Une reconnaissance difficile
Le harcèlement scolaire n’a commencé à être pris en compte en France qu’au tout début des années 2010¹. Le déploiement des réseaux sociaux à cette même période a fait exploser cette problématique, les deux modes de harcèlements (face-à-face et sur le web) étant désormais intimement liés. La médiatisation de suicides chez de jeunes collégiens et lycéens a, à juste titre, alerté sur les risques, ouvrant à la critique de l’Éducation nationale, accusée d’immobilisme par beaucoup. Les premiers travaux sur ce sujet remontent aux années 1980-1990. Ils ont d’abord été le fait de psychopathologues du nord de l’Europe, avant que des criminologues ne s’emparent du sujet pour montrer que des antécédents de harcèlement, en tant qu’auteurs, prédisaient un parcours de délinquance (Farrigton, Ttofi, 2011 ; Bender, Losel, 2011). Les enquêtes ultérieures ont montré les conséquences particulièrement délétères sur les victimes, parfois la vie durant, ce qui a fini par alerter la communauté scientifique sur les risques de ces comportements longtemps minimisés : « Il faut que les enfants apprennent à se défendre, ça leur sera utile dans la vie ». Pourtant l’École n’est pas restée sans rien faire durant ces quinze dernières années et la généralisation du Programme pHARe² dans tous les établissements de l’élémentaire au lycée, depuis la rentrée 2023, est l’aboutissement de toutes les actions progressivement mises en place en son sein durant ces années. Mais l’institution est difficile à manœuvrer et il faut de temps pour changer les mentalités et former tout le monde.
Un risque du développement
La théorie de l’attachement ouvre des perspectives fructueuses pour la compréhension du phénomène (Bowlby, 1978 ; 1984). L’individu dès sa naissance est soumis à deux forces contraires, le besoin…
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