Auteur de plusieurs ouvrages devenus des classiques, Jacques André offre ici un entretien sensible sur ses rencontres et ses travaux.
Thomas Lepoutre : Merci beaucoup d'avoir accepté d'accorder à Carnet Psy cet entretien. Ma première question, peut-être la plus difficile : Jacques André par Jacques André ?
Jacques André : Indiscutablement la question la plus compliquée ! Je commence par la fin, être psychanalyste, membre de l'APF (NDLR : Association Psychanalytique de France). Ce qui est chargé de signification dans le paysage psychanalytique, pas simplement parce qu’il s’agit d’une des sociétés qui appartient à l'IPA (NDLR : International psychoanalytical association), mais surtout en fonction de l'histoire de la psychanalyse en France. L'APF naît d'une rupture d'allégeance, d’un acte d’émancipation. Daniel Widlöcher, Jean Laplanche, J-B. Pontalis, Didier Anzieu… ont tous été sur le divan de Lacan et rompent avec lui ; avec la personne, mais davantage avec une dérive de la pratique : séances variables et courtes, abandonnant la détermination du cadre au seul inconscient de l’analyste ; manipulation du transfert qui fait que l’on devient l’analysant, le supervisé et l’enseigné du même analyste. Ce n’est pas la théorie de Lacan qui est en cause, elle restera un objet de dialogue et de confrontation, c’est par contre la prétention du « maître à penser », maître d’école.
Ce geste fondateur de l’APF, cette prise de liberté, avait tout pour me séduire. Je suis très allergique aux prétentions unitaires et totalisantes de certaines théories psychanalytiques. Dès que l’on s’avance dans l’âpre complexité de la clinique, le point de vue unitaire vole en éclat.
On peut peut-être profiter de cette auto-présentation pour revenir sur vos débuts ?
Le début du parcours…
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