Être psychanalyste avec l’enfant met face à une très grande responsabilité : l’enfant est un être par essence immature, en pleine construction psychique, et celui que nous rencontrons est la plupart du temps souffrant. En ville, le psychanalyste avec l’enfant est, en première intention, seul : à l’inverse de ce qu’il vit en institution, il n’a pas de collègue à proximité immédiate, donc pas d’espace d’échanges, et pas plus d’espace tiercéïsant institutionnalisé avec les parents de l’enfant. Seul, et en contact d’autant plus direct avec son patient et ses parents.
Connaitre la psychopathologie de l'enfant
L’alliance de cette solitude et de cette grande responsabilité lui intime en premier lieu de très bien connaître la psychopathologie de l’enfant.
Un rappel historique incontournable : ce sont les psychanalystes de l’après-guerre qui ont construit la pédopsychiatrie, conceptuellement et pratiquement. Jusqu’à cette période charnière, l’enfant était appréhendé, psychiatriquement parlant, comme un adulte en réduction, subissant des traitements inspirés de ceux conçus pour les adultes, ayant à souffrir de notions tout à fait terribles, dont elle d’incurabilité. Gardons à l’esprit que quand Michel Soulé prend la direction de la Fondation Vallée en 1957, il constate que certains enfants, étiquetés « arriérés inéducables », sont ni plus ni moins attachés. C’est à ces psychiatres de l’après-guerre, qui avaient choisi d’être psychanalystes, que nous devons d’avoir des modèles de compréhension de la singularité de la psychopathologie de l’enfant. Ces modèles continuent de s’enrichir considérablement, notamment dans la sphère des troubles autistiques.
Ainsi, le travail théorique sera-t-il pour le psychanalyste avec l’enfant une nécessité en tant qu’il donne un sens à ce qu’il observe, mais aussi parce qu’il lui fait observer ce…